Un documentaire de Ken Loach, c’est une profession de foi, un
engagement, un plaidoyer.
Le militant
se penche sur le passé de la
Grande-Bretagne. L’Esprit de 45, en salle ce mercredi.
S’il est un réalisateur, parmi les célèbres, demeuré fidèle à des
convictions progressistes, dont on ne l’a jamais vu se départir, c’est
bien Ken Loach. Le voici qui persiste et signe avec ce documentaire. La
thèse en est qu’il y a bien un moment où la classe ouvrière
d’outre-Manche a tenu une place prépondérante dans l’histoire du pays, à
savoir à la Libération, période dont il serait bon de retrouver
aujourd’hui les valeurs. Un exposé ayant valeur de cours magistral nous
rappelle le rôle tenu alors par la Grande-Bretagne, seule parmi les
grandes puissances occidentales à n’avoir pas été mise à genoux par les
bombardements nazis, d’où une expansion industrielle phénoménale,
conséquence des besoins considérables des marchés. De même que la
société britannique avait trouvé son unité pendant la guerre, elle la
prolonge pendant la paix avec le vote qui porte les travaillistes au
pouvoir, au grand dam de Churchill, dans un raz-de-marée sans précédent.
Ce qui naît alors est le sujet de ce film qui ignore ce qui a pu se
dérouler précédemment, soit depuis la naissance du Labour, aux premiers
jours du XXe siècle.
Un brillant travail de documentation
Le point de vue est clair, la méthode de travail tout autant. Elle
consiste à aller dans les archives avec méticulosité pour en sortir tous
les plans utiles à la démonstration et, parallèlement, à interviewer
des témoins de la période racontant ce que fut leur vie, le tout en
noir et blanc (à l’exception de la dernière séquence), dans un souci
d’harmonie. Le résultat est magnifique, digne d’un artiste en ce qu’on y
trouve cette touche sensible qui distingue le créateur de l’historien
ou du journaliste. Et quel travail de documentation ! Chacun connaît des
images de Churchill fumant ses gros cigares, tout en assénant ses
vérités souveraines. Ici, par exemple, on pourra découvrir des plans de
l’homme en pleine campagne électorale renonçant à parler sous les huées
populaires. De surcroît, il s’agit en vérité d’un film d’auteur fidèle à
sa manière. Ce que l’on voit ici, autre exemple, de la nationalisation
des chemins de fer et de l’arrêt de la gabegie, qui était due à la
concurrence des réseaux privés, rejoint précisément ce que Ken Loach
avait pu traiter déjà par la fiction, en l’occurrence dans The Navigators.
Convoquer un socialisme authentique
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