mercredi 22 mai 2013

Eric Aubin (CGT) : « La retraite pose la question de la répartition des richesses »

La réforme des retraites a été lancée lundi 13 mai par une série de rencontres bilatérales entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Avant que les négociations ne rentrent dans le vif du sujet, Eric Aubain, pour la CGT, revient sur les enjeux de cette réforme.
Regards.fr.  Après la rencontre que vous avez eue le 13 mai avec les représentants du gouvernement, que vous inspire la réforme des retraites annoncée par le Premier ministre ?
Eric Aubin. Deux propositions sont en train de voir le jour. La première consiste en un allongement de la durée de cotisation avec, comme corollaire, la baisse du niveau des pensions. La seconde est la désindexation des pensions, c’est-à-dire qu’elles ne seront plus indexées par rapport à l’inflation. L’argument utilisé pour justifier cette régression est que les partenaires sociaux – sauf la CGT – ont accepté que les retraites complémentaires soient désindexées avec des conséquences brutales sur le pouvoir d’achat des retraités.
L’allongement de la durée de cotisation était déjà au cœur des réformes Raffarin et Fillon des retraites. Pourquoi ce qui a échoué hier fonctionnerait demain ?
Ce sont en effet de vieilles recettes qui ont fait la preuve de leur échec, puisque le gouvernement nous annonce un déficit de l’ordre de 20 à 25 milliards d’euros d’ici 2018. Nous plaidons, à la CGT, pour une vraie réforme du financement des retraites. La droite nous la refuse depuis 1993. Nous avons espéré que la gauche nous entende mais les rencontres du 13 mai ne laissent pas penser que nous en prenons le chemin.
Quelles sont les lignes force de la réforme du financement que vous proposez ?
Nous pensons que continuer à asseoir le financement des retraites sur la seule masse salariale est contre-productif. Nous souhaitons prendre en compte dans le calcul la part que représentent les salaires dans la plus-value et donc intégrer les revenus financiers des entreprises. Selon nos calculs, cela représenterait 20 milliards d’euros de revenus annuels pour l’ensemble des régimes de retraite. Ainsi, nous montrons qu’il existe des moyens pour une vraie réforme des retraites mais elle dépend d’une autre orientation politique de la part du gouvernement. Nous posons donc la question du partage des richesses.
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