L'analyse de Pierre Barbancey après la signature d'un accord transitoire sur le nucléaire iranien dimanche matin
Le 9 novembre dernier, alors qu’un accord était déjà possible, la
France jouait l’intransigeance. Laurent Fabius, dur parmi les durs,
mélange de Kissinger
et de Rumsfeld, repartait alors de Genève persuadé
d’avoir sauvé le monde d’une prochaine guerre nucléaire. Ce dimanche
matin, pourtant, à l’issue de l’accord sur le nucléaire iranien
finalement passé, le même Laurent Fabius a voulu faire bonne figure,
posant devant les caméras en levant
le pouce de la victoire. À le voir
on pourrait donc penser que son attitude a permis de dégager une
nouvelle entente dans laquelle ses exigences étaient prises en compte.
Sinon, pourquoi toute cette agitation? Eh bien, non! Pratiquement aucune, si ce n’est aucune, des demandes françaises n’a été prise en compte.
Soutenues par Israël
et l’Arabie saoudite, elles visaient à empêcher
voire
à interdire tout enrichissement de l’uranium par l’Iran
et
insistaient sur le démantèlement de l’usine d’eau lourde d’Arak. Des
lignes rouges pour l’Iran, qui a toujours clamé son droit à
l’enrichissement. Le lui refuser c’est empêcher tout accord et préparer
la guerre.
Deux semaines après, un accord est signé. Les demandes
françaises
sont balayées et la France, pourtant, accepte. Pis, Fabius et Hollande
font comme si c’était une victoire
obtenue grâce à leur intransigeance.
Exactement comme cela
s’est passé lors du vote de la résolution de
l’ONU consacrée à la Syrie, fin septembre. Ce qui tend à montrer les
limites de la diplomatie française et de la stratégie internationale
de
l’Élysée. Que la France joue une carte originale
à l’échelle mondiale,
tant mieux. Mais en l’occurrence, bien ancrée au sein de l’Otan, Paris cherche surtout à passer pour le meilleur allié de Washington
(au détriment de Londres)
et tenter ainsi de jouer sa propre partition
sur certains terrains, comme en Afrique de l’Ouest ou au Moyen-Orient.
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