Dans son dossier fustigeant la « fabrique des assistés », Le Point
s’appuie sur des données en partie fausses, rarement sourcées et
compilées au profit d’une thèse ultralibérale. Analyse avec ATD Quart
Monde.
La France, pays d’assistés ? C’est l’un des préjugés les plus répandus, dénonce ATD Quart Monde. « Chaque
campagne électorale on y a droit, chaque mois de novembre paraît un
sondage concluant que 8 Français sur 10 pensent que la France est un
pays d’assistés… », déplore Jean-Christophe Sarrot, rédacteur en chef de Feuille de route, le mensuel du mouvement. « Une rengaine libérale fétide », tranche l’économiste Christophe Rameaux. Un propos « démagogique, destiné à flatter une partie de l’électorat sur des conceptions populistes », analysait le sociologue Serge Paugam dans Politis en mai 2011, en réaction aux déclarations de Laurent Wauquiez, alors ministre des affaires européennes, selon lequel « dérives de l’assistanat [seraient] le cancer de la société française ».
Pour couper court aux rumeurs infondées, ATD Quart monde vient de publier l’ ouvrage
« En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté », qui
reprend et contredit pas loin de 80 idées fausses sur ce thème des
« assistés fraudeurs et profiteurs ». L’hebdomadaire Le Point y avait fait écho sur son site.
Mais cette semaine, prenant à contrepied ce qu’il défendait la semaine dernière, Le Point fait sa Une du 24 octobre sur le thème : « Les Assistés, comment la France les fabrique ? » Avec une réponse en trois points : « Peut-on vivre sans travailler ? Ces riches qui en profitent. Le grand délire des allocations. » À l’intérieur du magazine, une dizaine de pages dont une enquête de Béatrice Parrino,
rédactrice en chef adjointe, intitulée « Hors de contrôle et
surdimensionnée, notre État providence décourage le travail ». Soit 8
colonnes où les éléments d’enquêtes sont peu ou mal sourcés et les
exemples utilisés dans le sens qui vient justifier la Une.
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