Basta ! : On
parle désormais davantage de « pouvoir d’achat » que de salaires. En quoi
est-ce différent ? Pourquoi préférez-vous le terme « salaire » ?
Bernard
Friot [1] : La « défense du pouvoir
d’achat » ne passe pas par une hausse du salaire mais par la baisse des prix –
et donc des salaires – ou par des formes de rémunération sans cotisations
sociales : épargne salariale, intéressement, primes… Utiliser le terme «
pouvoir d’achat », c’est aussi nous réduire à nos seuls besoins à satisfaire
par ce pouvoir d’achat, c’est accepter de réduire le salaire au seul prix de
notre force de travail. Or, le sens du salaire a changé depuis les conquêtes
ouvrières du 20ème siècle. Il n’est plus seulement le prix de notre force de
travail, mais intègre la qualification et les cotisations sociales. Ces
qualifications – du poste dans les conventions collectives du secteur privé, de
la personne dans le grade de la Fonction publique – pourraient ouvrir de
nouveaux droits. Assorti de cette cotisation et de cette qualification, le
salaire affirme que nous sommes les seuls producteurs de la valeur économique,
et non de simples travailleurs à qui l’on consent un « pouvoir d’achat » pour
s’assurer que nous serons demain au boulot. Le salaire est un outil
anticapitaliste.
Vous
proposez d’associer au salaire une forme de « citoyenneté économique ». En quoi
consiste-t-elle?
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