Les présumées aventures sentimentales du président de la République ont fait les choux gras médiatiques ces derniers jours. François Hollande aura donc réussi à inverser une courbe, celle de la vente de Closer. Après l’omniprésence de l’affaire Dieudonné, ce sont les affres d’un homme « normal » qui trompe sa femme, au plus haut sommet de l’État, qui font la une des journaux. Dire que l’on s’en fout est un doux euphémisme. La seule liaison qui nous intéresse est celle de François Hollande avec Pierre Gattaz ou disons, plus généralement, avec le libéralisme économique. Les polémiques successives occupent le terrain en lieu et place du coeur de l’action gouvernementale, de son incapacité à modifier l’ordre existant, de sa facilité à prolonger les méfaits de l’orientation sarkozyste. Les crises multiples sont-elles si effrayantes que la diversion, le zapping soit devenu un sport national par incapacité à affronter le « dur » des problèmes contemporains ? Nul doute que les Français sont lassés, préoccupés et, pour beaucoup, désespérés par ce climat.
En attendant, l’affaire Trierweiler marque les défiances actuelles dans le rapport entre le privé et le politique. La « première dame de France » est considérée comme une femme à statut. Ainsi, l’état de santé de Valérie Trierweiller serait un enjeu national car elle est un personnage public. Avons-nous élu un couple à la tête de l’Etat ? Valérie Trierweiler n’a pas de fonction publique, le statut de première dame n’en est pas un. D’ailleurs, elle revendiquait un temps son indépendance. La compagne du Président n’est pas un personnage politique, même si son rôle auprès de Hollande ne doit pas être sous-estimé, même si la tradition internationale fait du couple présidentiel une entité diplomatique.
Par ailleurs, Hollande et le PS peuvent réagir vertement contre cette atteinte à la vie privée que constitue la révélation de cette liaison extra-conjugale mais il ne faut pas oublier que le couple avait en son temps posé intimement dans Paris Match. À mesure que leur parole et leur pouvoir semblent amoindris, les politiques deviennent des personnages people. Nicolas Sarkozy a excellé dans cet art de la mise en scène intime. En donnant ce qu’il voulait et en portant plainte contre les journalistes et photographes qui racontaient une autre version. Ce privé donné en partage est aussi une façon de contrecarrer le sentiment d’un éloignement des hommes politiques de la majorité des citoyens. Leurs émotions, leur vie intime ainsi racontées sont censées les rapprocher de nous.
Cette méthode est dangereuse… À force de se mettre à nu pour masquer la faiblesse des clivages politiques, ils prennent le risque de ce genre de dérapages. Puisque droite et gauche divergent de moins en moins sur le fond, c’est le style de l’homme qui prend la première place. La presse people est l’une de celle qui se porte le mieux. C’est dire si notre société ne tourne pas rond.
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