Dans
la nuit de samedi à dimanche, les bombardements israéliens ont tué 2
adolescents et fait au moins 25 blessés dans la bande de Gaza. Un lourd
climat de tension règne aussi en Cisjordanie, entre ratissages et
affrontements.
Partie
de l’hôpital central al-Shifa de Gaza, une longue procession funéraire
accompagnait hier les dépouilles des deux adolescents tués la veille
dans les bombardements. Amir Al Nimra, 15 ans, et Louay Kahil, 16 ans :
encore deux jeunes vies fauchées par les missiles largués depuis les
F-16 israéliens. Au moins 25 autres Palestiniens ont été blessés dans la
destruction d’un immeuble de cinq étages aux abords d’un parc très
fréquenté. L’armée israélienne prétend avoir pris pour cible, avec cet
édifice, un « camp d’entraînement ». Elle a « infligé au Hamas le coup
le plus dur depuis l’opération “Bordure protectrice” et nous allons
augmenter la force de nos attaques si nécessaire », s’est réjoui le
premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, en référence à
l’agression dévastatrice contre la bande de Gaza qui avait tué 2 016
Palestiniens, dont 541 enfants, en 2014. Pour justifier ce nouveau raid
contre l’enclave palestinienne assiégée, devenue une prison à ciel
ouvert, Tel-Aviv accuse le Hamas d’avoir tiré 200 roquettes et obus de
mortier vers Israël. Pour la plupart interceptés par le système
antimissiles Dôme de fer, ces projectiles ont fait quatre blessés côté
israélien, à Sdérot.
Le Hamas s’était dit prêt à mettre fin au conflit avec le Fatah
Du Caire, où le mouvement islamiste participe depuis
vendredi à des pourparlers censés relancer les efforts de
« réconciliation » avec l’Organisation de libération de la Palestine
(OLP), l’un des porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a annoncé, samedi
soir, la conclusion d’un accord de cessez-le-feu, rendu possible par une
médiation égyptienne. Annonce démentie, hier, par Benyamin Netanyahou.
« J’ai entendu dire qu’ils disent que nous étions d’accord pour un
cessez-le-feu qui permettrait la poursuite du terrorisme incendiaire. Ce
n’est pas vrai. Nous ne sommes pas disposés à accepter des attaques
contre nous et nous réagirons en conséquence », a-t-il insisté, en
accusant les Palestiniens de lancer vers Israël des ballons et des
cerfs-volants incendiaires.
Cette nouvelle séquence guerrière ne doit rien au hasard :
les autorités israéliennes sont déterminées à entraver par tous les
moyens le moindre pas vers l’unité palestinienne. Or, vendredi, au
Caire, la délégation du Hamas s’était dite prête à mettre fin au conflit
avec le Fatah, à condition que l’Autorité palestinienne lève les
sanctions prises il y a un an, comme l’arrêt du versement des salaires
de milliers de fonctionnaires. Quant à l’Autorité palestinienne, elle
voit dans son retour à Gaza, conditionné à une réconciliation avec le
Hamas, un indispensable point d’appui pour résister à l’inquiétant plan
Trump enterrant toute réelle perspective de création d’un État
palestinien viable. Benyamin Netanyahou, cerné par les scandales de
corruption, prépare-t-il un nouvel été meurtrier ? En fait, l’escalade
se poursuit depuis des mois, avec, à Gaza, les massacres de participants
aux grandes marches pour la levée du blocus et le droit au retour des
réfugiés (141 Palestiniens tués et plus de 4 000 blessés depuis le 30
mars). Vendredi, encore, un adolescentde 15 ans, Othman Rami Halles, a
été tué par balles et 25 autres manifestants ont été blessés dans les
mêmes circonstances.
La tension règne aussi en Cisjordanie, où les forces
israéliennes répriment violemment les manifestations contre la
destruction programmée du village bédouin de Khan al Ahmar, à l’est de
Jérusalem, finalement suspendue jusqu’au 15 août par la Cour suprême à
la suite de protestations internationales. Les territoires occupés sont
le théâtre d’affrontements quotidiens. Aux jets de pierres des jeunes
Palestiniens, les forces d’occupation répondent par une féroce
répression. Ces derniers jours, à Jérusalem, à Naplouse, à Ramallah, à
Tulkarem, les arrestations se multiplient, elles ciblent, souvent, des
mineurs. Depuis le début de l’année, d’après l’agence de presse
palestinienne Wafa, plus de 3 500 Palestiniens ont été arrêtés par
l’armée israélienne. Parmi eux, plus de 650 enfants. Pour le
gouvernement israélien, il s’agit de tuer dans l’œuf la révolte de la
jeune génération palestinienne et d’inscrire dans la réalité les
volontés américaines de faire disparaître la lutte des Palestiniens pour
leurs droits au profit d’une vague solution humanitaire. Traduction :
occupation et répression doivent s’intensifier.
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