lundi 20 novembre 2023

Hausse de fréquentation, report modal, recul des incivilités : les premiers bilans de l’expérience de gratuité lancée fin 2021 sont globalement positifs. Les collectivités de l’agglomération clermontoise ont donc décidé de la prolonger pour quatre ans… au moins.

Voilà deux ans que les résidents de l’agglomération clermontoise peuvent, sur toute la durée du week-end, emprunter gratuitement les transports en commun, bus et tramways. Et ils vont pouvoir continuer, jusqu’en 2027 au moins : après la Métropole, après le SMTC (Syndicat mixte des transports en commun), le conseil municipal de Clermont-Ferrand a voté, vendredi 17 novembre, pour prolonger l’expérience jusqu’en août 2027… au moins. Ce qui fait de la capitale auvergnate une des plus grandes agglomérations françaises à offrir la gratuité des transports à tous ses usagers, au moins sur une partie de la semaine.

C’est que le bilan de l’expérience, lancée pour deux ans en novembre 2021, est très largement positif, explique Cyril Cineux, l’adjoint communiste aux transports de Clermont-Ferrand et l’une des chevilles ouvrières du projet porté depuis des années par le PCF local« La hausse de fréquentation attendue est au rendez-vous, détaille le militant, de +30 % à +50 % le samedi et de +50 % à +70 % le dimanche. Nous y trouvons la confirmation qu’un euro d’argent public investi dans les transports gratuits est plus rentable que lorsqu’ils sont payants. » Gros enjeu en termes d’environnement et de qualité de vie, le report modal est également au rendez-vous : « Quand on interroge les usagers, entre 1 % et 10 % répondent qu’ils n’auraient pas fait leur trajet sans la gratuité ; et entre 20 % et 45 % qu’ils l’auraient fait, mais avec un autre mode de transport ». L’élu reconnaît qu’il faut encore affiner cette appréciation puisqu’en l’état, « on ne sait pas encore à quel mode de transport (voiture, deux-roues, marche…) ils renoncent », même si les expériences similaires dans d’autres grandes villes montrent que c’est bien l’usage de la voiture qui recule.

« Cela bat en brèche le préjugé selon lequel quand on ne paie pas, on ne respecte pas »

Les objectifs principaux sont donc atteints, et sans dépasser le coût envisagé au lancement de l’expérience : 2,1 millions d’euros par an, que les trois collectivités (commune, métropole et SMTC) se répartissent équitablement. Les autres effets positifs espérés ont été plus difficiles à mesurer. Cyril Cineux souligne, dans un contexte d’une « hausse continue des incivilités » dont ni les transports, ni Clermont-Ferrand n’ont l’exclusivité et qui avait commencé « avant 2020 et le Covid », que depuis novembre 2021 elles ont eu tendance à se stabiliser dans les transports le week-end, « et même à baisser le dimanche. L’ambiance est plus apaisée le week-end, les conducteurs ont par exemple noté que les usagers disent bonjour en entrant dans le bus. Cela bat en brèche le préjugé selon lequel quand on ne paie pas, on ne respecte pas ».

En revanche, « on n’a pas réussi à savoir si la gratuité à permis de redynamiser les centres-villes, reconnaît honnêtement l’élu. Les retours des commerçants sont positifs, mais cela reste de l’ordre du ressenti ». Une grande enquête menée sur deux ans devra finir de répondre à ces questions. Avant d’envisager la pérennisation définitive, voire l’extension du domaine de la gratuité. Des décisions qui seront sans nul doute un des enjeux majeurs de l’élection municipale de 2026. D’ici là, la gratuité aura certainement gagné encore du terrain, à Clermont et ailleurs.

 

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