mercredi 29 novembre 2023

Chômage : le gouvernement charge les seniors pour justifier son échec

Depuis la semaine passée, le gouvernement multiplie les déclarations contre les privés d’emploi âgés, plutôt que de remettre en cause sa politique, en échec, sur le front de la lutte contre le chômage.

Tandis que le taux de chômage remonte, le gouvernement s’attaque aux chômeurs seniors, déjà pénalisés par la réforme des retraites.
© Loic Venance / AFP

Les demandeurs d’emploi seniors sont plus que jamais dans le viseur. Lundi, le gouvernement a confirmé qu’il n’allait pas agréer en l’état la nouvelle convention d’assurance-chômage issue de l’accord entre le patronat, la CFDT, FO et la CFTC, le 10 novembre, envisageant plutôt de prolonger les règles actuelles par décret jusqu’en juin. L’exécutif veut en effet attendre l’aboutissement de la négociation sur l’emploi des seniors qui devrait démarrer d’ici peu.

Dans un document envoyé aux syndicats et au patronat, le gouvernement annonce viser un taux d’emploi des 60-64 ans de 65 % (contre 33 % aujourd’hui) à l’horizon 2030, notamment en aménageant les fins de carrière ou en renforçant la formation professionnelle.

« Si on ne secoue pas les puces »

Les mesures concernant l’indemnisation des quinquagénaires seront également abordées dans cette discussion, même si l’accord régressif sur l’assurance-chômage prévoit déjà 440 millions d’euros d’économies à réaliser sur leur dos pour la période 2024-2027.

Mais, sans attendre, la semaine passée, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait déjà prévenu qu’il souhaitait abaisser la durée d’indemnisation pour les plus 55 ans, pointant le fait qu’elle dure « vingt-sept mois » à cet âge contre « dix-huit mois pour les chômeurs plus jeunes », avait-il déclaré sur franceinfo.

Une façon selon lui « de mettre à la retraite de manière anticipée les plus de 55 ans ». Pour le ministre : « Si on ne secoue pas les puces, il n’y aura pas 5 % de taux de chômage en fin de quinquennat, soit le plein-emploi (contre 7,4 % aujourd’hui NDLR). »

Cinq millions de chômeurs

Si le gouvernement multiplie les déclarations tonitruantes et stigmatisantes, c’est que les statistiques du chômage continuent de remonter en flèche depuis deux trimestres consécutifs, selon l’Insee. Une tendance confirmée par les dernières statistiques de la Dares, parues ce lundi.

En incluant les chômeurs n’ayant pas travaillé (catégorie A) et ceux en activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d’emploi en France (hors Mayotte) augmente de 0,29 % (+15 800) par rapport à septembre et s’établit à 5,377 millions.

Le nombre d’inscrits de 50 ans et plus, traditionnellement élevé, est de 1,39 million en octobre, contre 1,38 million en septembre. Ils sont 835 800 âgés de 50 ans et plus à être présents sur les listes de Pôle emploi en octobre depuis un an ou plus, en légère hausse par rapport à septembre.

Plutôt que de remettre en cause sa politique axée sur la précarisation de l’emploi, qui risque de frapper encore plus fort les seniors à l’avenir avec la récente réforme des retraites, le gouvernement persiste à réduire leurs droits.

Dernière trouvaille, selon les informations de la Tribune dimanche, la première ministre Élisabeth Borne envisagerait désormais de limiter les ruptures conventionnelles, qui explosent entre 55 et 60 ans faisant office de préretraite déguisée, en pointant une nouvelle fois du doigt les bénéficiaires. Mais sans lutter contre les discriminations liées à l’âge chez les employeurs, souvent prompts à se débarrasser des salariés les plus matures.

 

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