mercredi 29 novembre 2023

Industrie : « En France, Sanofi poursuit son désengagement »

Le laboratoire de développement industriel Sanofi à Marcy l'Etoile, près de Lyon, où Emmanuel Macron avait annoncé 610 millions d'euros d'investissement pour produire des vaccins, en 2020.
©PHOTOPQR/LE PROGRES/Maxime JEGAT via MaxPPP

C’est un hasard du calendrier, mais le contraste est saisissant. Alors que le géant danois Novo Nordisk vient d’annoncer 2,1 milliards d’euros d’investissement sur son site de Chartres (Eure-et-Loir), avec la création à terme de 500 emplois, le français Sanofi continue de réduire la voilure dans l’Hexagone. Paul Hudson, PDG du groupe, a annoncé en octobre un nouveau plan d’économies de 2 milliards d’euros et la cession de son activité Santé Grand Public (vente de médicaments sans ordonnance, comme le Doliprane).

L’objectif est de se recentrer sur des secteurs plus juteux, comme le développement de traitements innovants. Cette séparation devrait être actée en 2024, à travers la création d’une entité cotée en Bourse. Dans le même temps, un plan de restructuration vise le site de Marcy-l’Étoile (Rhône), spécialisé dans la production de vaccins : l’activité de lyophilisation de vaccins (mise sous forme de poudre) va être regroupée en Normandie et en Italie, avec 265 suppressions de postes. Enfin, l’activité de distribution de médicaments du groupe doit être vendue au géant allemand DHL, mi-2024.

« Sanofi se concentre sur ce qui permet de dégager 30 % de marge »

« Sanofi poursuit sa politique de désengagement du pays ! peste Jean-Louis Peyren, coordinateur CGT du groupe. Si la direction va jusqu’au bout des cessions annoncées, 12 000 emplois auront été supprimés en France depuis 2008 (Sanofi compte environ 20 000 salariés dans le pays – NDLR). Le pire, c’est que le groupe est massivement subventionné par l’État. » Selon le syndicat, Sanofi touche toujours environ 100 millions d’euros de CIR (crédit d’impôt recherche) par an.

« Sa stratégie est simple, assure Tristan Teyssier, délégué au CSE (CGT) du site de Marcy-l’Étoile. Il se concentre sur tout ce qui permet de dégager 30 % de taux de marge : tout le reste est abandonné. Au quotidien, on paye les effets des départs non remplacés et des gains de productivité. Les 2 milliards d’euros d’économies vont se faire, une fois encore, sur notre dos. »

Après le désastre sanitaire lié au Covid

Au-delà de cette nouvelle casse sociale, c’est la stratégie gouvernementale qui interroge. Depuis 2020, Emmanuel Macron a décidé de mettre en place une politique de relocalisation de médicaments, après le désastre sanitaire provoqué par la pandémie de Covid. L’intention est louable, mais la méthode pose problème.

« Le gouvernement a choisi de subventionner des acteurs financiarisés comme Sanofi ou GSK, pointe Nathalie Coutinet, économiste spécialiste de la santé. Ce sont pourtant ces entreprises qui ont réalisé pendant des années les délocalisations dont on dénonce les effets aujourd’hui. »

À gauche, le PCF réclame depuis longtemps la mise en place d’un pôle public du médicament afin de « détacher les médicaments de la sphère financière ». C’est peu dire que le gouvernement n’en prend pas le chemin…

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