Près de 3 000 enfants —, un chiffre record, vivent en France dans la rue. « Une situation insupportable et indigne » « pour la 7e puissance économique du monde », selon le sénateur communiste Ian Brossat, qui appelle à « dépasser les solutions de débrouille » – telle la mise à disposition ponctuelle d’établissements scolaires, actuellement mise en œuvre à Paris -, pour ouvrir les 10 000 places d’hébergement manquantes. Il a ainsi annoncé sur son compte X (ex-Twitter) avoir déposé un amendement en ce sens qui sera débattu ce vendredi au Sénat.
Plusieurs alertes ont récemment été lancées par les associations. La première, à la veille de la rentrée scolaire, avait déjà suscité l’émoi, en révélant qu’au moins 2 000 enfants étaient livrés à la rue en France. Un peu plus de deux mois plus tard, alors que les températures ont commencé à chuter, un nouveau record a été atteint en octobre dernier. C’est ce que révélait un communiqué rendu public, le 17 octobre, par le Collectif des associations unies, Jamais sans toit, Unicef France et la fédération de parents d’élèves FCPE, qui se base sur une évaluation réalisée à partir des appels des familles au 115.
Durant la nuit du 2 octobre, 2 822 enfants, dont près de 700 d’entre âgés de moins de 3 ans, auraient ainsi dormi dehors, faute de solution d’hébergement, soit une hausse de 42 %, par rapport au mois précédent. Un chiffre d’autant plus inquiétant qu’il serait sous-évalué, la plupart des familles renonçant à faire appel au 115.
Une cinquantaine de parlementaires de diverses tendances politiques avaient par ailleurs joint leurs voix à celles de ces représentants d’associations pour pointer le nombre insuffisant de solutions d’hébergements et réclamer, dans une tribune, une augmentation substantielle de leur nombre. Près de 10 000 places supplémentaires seraient ainsi, selon le collectif et les parlementaires, nécessaires pour faire face à l’ampleur des besoins actuels.
Nombre de places insuffisantes
« Malheureusement, les chiffres sont implacables, le nombre de places actuel n’est pas suffisant, il y a un tri des vulnérabilités, des précarités », a ainsi déploré, lors d’une conférence de presse, Nathalie Latour, porte-parole du Collectif des associations unies, qui prône, avec l’ensemble des organisations, une programmation pluriannuelle dotée de moyens suffisants pour mettre fin à ce fléau.
Selon Béatrice Lefrançois, secrétaire général d’Unicef France, l’exclusion des enfants du logement aurait des conséquences dramatiques sur « leur santé mentale », en les privant de sommeil, d’intimité et d’une scolarité normale.
La Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), à l’origine, avec l’Unicef, du rapport publié fin août, avait pointé du doigt plusieurs défaillances à l’origine de l’aggravation de cette situation. À commencer par « l’impact des fermetures de places décidées par le gouvernement » qui ont conduit certains préfets à instaurer des critères de sélection drastiques, rendant l’accession au logement quasiment impossible pour les familles. Un nombre croissant d’entre elles est par ailleurs durement affecté par la précarité, l’inflation et la hausse des loyers.
« Une gestion à l’urgence »
Tout ceci dans un contexte où « la panne du logement social » apparaît, selon la FAS, comme un facteur aggravant, symptomatique de la politique court-termiste poursuivie depuis plusieurs années par les gouvernements successifs.
« On est tout le temps dans une gestion à l’urgence. Au thermomètre », a dénoncé Pascal Brice, le président de la FAS, qui préconise comme seule solution, pour mettre fin à ce fléau « insupportable » au sein d’une grande puissance mondiale, d’entrer dès maintenant « dans des logiques d’investissements durables, en apportant des réponses structurelles inscrites dans une loi de programmation ».
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