«Le niveau de dépenses publiques (...) n’est au fond que la mesure du
degré de socialisation des dépenses qui visent au bien-être collectif
et qui sont donc retirées du champ du profit. Il reflète le niveau de
solidarité mis en œuvre.» Par Christiane Marty, membre du Conseil scientifique d’Attac.
De plus en plus de voix
s’élèvent pour juger l’austérité budgétaire non seulement inefficace
mais dangereuse : en freinant l’activité économique, elle porte une
logique de récession, de baisse supplémentaire des recettes fiscales et
donc d’augmentation des déficits, à l’opposé du but visé. Les critiques
contre l’austérité proviennent d’économistes de divers bords, mais
désormais aussi de représentants de la BCE, de la Banque mondiale ou du
FMI. Cela n’a pas encore entamé le discours dominant, selon lequel la
France souffrirait d’un « excès de dépenses publiques », l’excès faisant
référence à une (soi disant) augmentation de ces dépenses, ainsi qu’à
leur niveau élevé par rapport aux autres pays. Ces arguments ne tiennent
pas.
D’une part, et brièvement, rappelons qu’il n’y a pas eu
d’augmentation des dépenses publiques : au cours des vingt dernières
années et jusqu’à l’éclatement de la crise, elles sont restées stables,
entre 52 et 53 % du PIB. Ce qui, à l’inverse, a fortement diminué, ce
sont les recettes fiscales dont l’importante baisse est le résultat des
cadeaux fiscaux faits aux plus riches et aux entreprises, en particulier
aux plus grandes. C’est ce manque de recettes, et non les dépenses
publiques, qui est responsable jusqu’en 2009 de l’essentiel du déficit
public.
D’autre part, c’est la comparaison internationale qui est convoquée
comme un argument décisif : en France, la part des dépenses publiques
dans le PIB se situe environ 6 points au-dessus de la moyenne des pays
de l’OCDE. Seuls le Danemark, la Finlande et parfois la Suède ou les
Pays-Bas devancent la France, qui devient donc implicitement un État
« dépensier », la dépense publique devenant, en bloc, synonyme de
gestion inefficace... Sonne alors comme une évidence l’impératif de la
réduire.
Pourtant, s’il est indispensable de veiller à la bonne gestion de
l’argent public (et de choisir les priorités : financer un char d’assaut
ou 300 places de crèche ?), il est aberrant de stigmatiser ainsi la
dépense publique. Comparer son niveau entre les pays n’a aucun sens si
on ne met pas en regard les services mis à disposition en contrepartie,
ainsi que leur qualité, en ce qui concerne la santé, l’éducation, la
protection sociale et tout secteur qui a un impact direct sur le
bien-être des populations.
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