Voilà trois mois que les étudiants québécois sont en grève.
Leur principale revendication ? Supprimer une forte augmentation des
droits de scolarité prévue par le gouvernement. Dans l’espoir de casser
ce mouvement de contestation, un projet de "loi spéciale" est
actuellement débattu au parlement. Il prévoit de sanctionner les
grévistes par de lourdes amendes.
Depuis mi-février, les jeunes sont nombreux à s’ériger contre la
politique libérale menée par le premier ministre Jean Charest dans le
secteur de l’enseignement supérieur. Son gouvernement entend amplifier
la facture à l’entrée des universités. L’addition s’avère salée pour les
futurs étudiants. En sept ans, ils devraient payer 1780 dollars de plus
que le prix fixé aujourd’hui, soit une augmentation de 82%.
Face à la grogne estudiantine, le pouvoir en place fait la sourde
oreille. Sa dernière trouvaille : faire voter une loi pour punir les
récalcitrants et mettre un terme à ce mouvement de grève massif. En cas
d’adoption, cette mesure serait un coup de rabot sévère sur le droit de grève et la liberté de manifester des jeunes québécois.
Si elle était appliquée, les organisateurs de ce mouvement encourraient
entre 1000 et 125 000 dollars d’amende. Le seuil maximal fixé à
l’encontre d’une personne seule jugée coupable d’avoir entravé l’accès à
un collège ou une université serait de 5000 dollars. Pour les
associations étudiantes organisatrices de manifestations, les enchères
s’envoleraient et s’échelonneraient entre 25000 et 125000 dollars. Si
les « heureux élus » étaient récidivistes, ils devraient même
s’acquitter du double de ce montant exorbitant.
Une vague d’opposition déferle contre ce projet de loi
Présenté devant le parlement jeudi soir, ce projet de "loi spéciale" a
provoqué un tollé de la part des députés de l’opposition. Figure de
proue de cet emballement, la dirigeante du Parti Québécois Pauline
Marois n’a pas caché sa colère et son émotion. « Je veux que le premier
ministre rencontre les étudiants aujourd’hui » s’est elle emportée, et
de rajouter « Il faut dialoguer, sans passer par une loi spéciale-matraque ».
Alors que le projet de loi est actuellement étudié dans la chambre
des députés, les réactions se multiplient. Relativement en marge du
conflit, les professeurs chercheurs se prononcent globalement contre
cette mesure. D’après la Fédération québécoise des professeures et
professeurs d'université l’adoption d’un tel texte « ne fera
qu'envenimer la situation ».
Même son de cloche du côté des représentants étudiants offusqués par
l’entêtement du gouvernement. Gabriel Nadeau-Dubois, président de la
CLASSE, le syndicat le plus radical, juge ce projet de loi spéciale
"anticonstitutionnel" et invite ses homologues à résister et se lancer
dans la « désobéissance civile ». Un appel qui sera certainement entendu
par bon nombres de jeunes québécois. Avec 220 000 grévistes dans la rue
le 22 mars dernier et un mouvement qui tient bon, la province
canadienne fait face au plus long conflit étudiant de son histoire. Les
mesures coercitives et l’indifférence ne peuvent plus être les seules
réponses données par le pouvoir en place.
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