Porté par la dynamique du
Front de gauche, le PC renoue
avec l’enthousiasme.
Reportage.
« Je n’avais jamais adhéré
nulle part, ni jamais eu envie
de m’investir dans un
parti politique. » Franck Richard,
28 ans, a changé d’avis en février
2012 et adhéré au PCF,
alors que Jean-Luc Mélenchon
commençait à décoller dans
les sondages. Sur le papier, il
n’avait pas le profil. Les parents
habitent la bourgeoise et coquette
ville de Chantilly (Oise),
votent UMP et connaissent bien
le maire, Eric Woerth. Le frangin,
lui, « est dans la finance ».
Franck, diplômé en compta et
à la recherche d’un emploi vit
à quelques encablures de là, à
Saint-Maximin, et pense qu’il faut
« mettre l’humain au centre ».
Autour du gigot du dimanche
midi, c’est un peu la lutte des
classes : « Je viens d’une famille
bourgeoise. Des gens comme
mes parents ont peur pour leurs
acquis. Pour eux, j’ai des idées de
révolutionnaire et ce n’est pas un
compliment dans leur bouche !
J’ai été formaté par la narration
d’une histoire qui résume le
communisme à ses moments
les plus noirs. Mais aujourd’hui,
je trace ma propre route, hors du
carcan. » Combien de Franck en
2012, pour qui tracer leur route,
c’est adhérer au PCF ? Place
du colonel Fabien, on brandit
le chiffre, comme un trophée :
2 500 adhérents entre janvier
et le premier tour de la présidentielle,
soit deux fois plus que
l’année dernière sur la même période.
Autre motif de satisfaction
pour les communistes, un tiers a
moins de trente ans et la moitié
moins de 40 ans. Responsable
de la vie du parti, Jacques Chabalier
commente : « On confirme
l’inversion de tendance. Alors
que nous sommes depuis
quelques années sur un rythme
de 5 000 nouveaux adhérents
par an, nous pouvons espérer
renouer avec le seuil des 8 000
nouvelles cartes annuelles.
On tourne une page. Et cela
s’accompagne de la part des
militants d’une envie d’agir. »
Métro place d’Italie, heure de
pointe, quelques jours avant le
premier tour. Une poignée de
militants s’est donné rendez-vous
animés par une même
envie d’agir. Ils sont trois, prêts
à capter le flot des passagers,
et ils incarnent cet ovni qu’est
le Front de gauche. Il y a là un
militant du Parti de gauche, son
« camarade » qui ne veut pas
dire pour qui son cœur balance,
pour « ne surtout pas briser la
dynamique » et Ali Can Sireilles,
20 ans, étudiant en histoire à
Paris I et militant communiste
convaincu… depuis peu. Franco-
Turc, il est arrivé en France il y
a seulement deux ans d’Ankara,
parce que la fac était financièrement
inaccessible à ses parents.
Son appartement donne sur le
boulevard Voltaire et pas une
manif ne lui a échappé. Celles
contre la réforme des retraites
ont été le déclic. « J’ai d’abord
voulu adhérer au PS, se souvient-
il. Il s’agissait d’être dans le
parti majoritaire pour réellement
peser à gauche. Mais j’ai vite
réalisé que ce parti était dirigé
par des gens qui ont renié les
valeurs de la gauche. » Pour lui,
ce sera donc le communisme.
Et qu’importe si le candidat à sa
« première présidentielle » n’est pas communiste. « Ce n’est pas
le problème, élude-t-il, pragmatique.
Ce qui compte, c’est que
cette campagne ait fonctionné.
Mon modèle, c’est le Front
populaire, une coalition dans
laquelle on trouve le Parti communiste,
mais pas seulement. »
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