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Le FMI a décidé d’appliquer ses célèbres méthodes en Tunisie. Un
document confidentiel, révélé fin mars par des médias tunisiens, a
provoqué l’embarras des responsables politiques. En échange d’argent
frais de la part du FMI [1],
ceux-ci se sont engagés sur un planning de réformes structurelles, à un
rythme effréné. Au programme : augmentation du prix des carburants,
baisse des impôts pour les entreprises, déplafonnement des taux
d’intérêt (pour permettre aux banques d’améliorer leur rentabilité),
audit des entreprises publiques de l’énergie – gaz, électricité et
raffinage des produits pétroliers... Ce qui laisse présager des
privatisations. Un alléchant menu néolibéral, que le gouvernement
prévoit de concocter en 9 mois.
La recette, elle, semble avoir été préparée par les institutions financières internationales. Dans une lettre
à Christine Lagarde, patronne du FMI, le ministre des Finances et le
gouverneur de la Banque Centrale tunisienne s’engagent à consulter les
services du FMI pour « toute révision » de ce programme de
dérégulation. L’opposition et la société civile s’indignent de cette
ingérence dans la politique économique du pays. « La Tunisie est le
laboratoire du FMI et de la Banque mondiale, qui profitent du
non-professionnalisme des élus et du gouvernement », analyse Chafik Ben Rouine, porte-parole de l’ACET (Auditons les créances envers la Tunisie).
Une dette héritée de la dictature
Pourquoi un tel traitement ? Pas le choix, avance le gouvernement. Ce
sont les contre-parties du prêt accordé. Un prêt qui vient alourdir une
dette tunisienne déjà importante : 30 milliards de dinars (15 milliards
d’euros) [2].
Le remboursement de la dette constitue le premier poste de dépense
publique. Soit trois fois le budget de la santé et cinq fois celui
consacré à l’emploi ! Les créanciers ? La France, principal partenaire
économique de la Tunisie [3],
la Banque mondiale et la Banque européenne d’Investissement (BEI), dont
la France est un des actionnaires principaux. Plus de la moitié de la
dette tunisienne serait issue de la période du régime de Ben Ali
(1987-2011). Chaque Tunisien hérite ainsi à la naissance d’une dette de
3 000 dinars (1 500 euros) qui appartient essentiellement à Ben Ali, décrit l’analyste Mehdi Khodjet El Khil.
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