Pour un nécessaire changement de politique et face à une majorité de gauche « déjà moribonde », l'historien Roger Martelli juge qu'il ne faut pas attendre « sa décomposition » mais plutôt manifester le 5 mai pour une VIe République qui serait « moins soucieuse de bonne représentation que de pleine implication citoyenne ». Manifester « pour que la gauche de la justice et de la citoyenneté redevienne majoritaire ».
Jérôme Gleizes vient de publier un billet sur son blog
dans Mediapart. Je partage son inquiétude sur la dimension délétère de
la situation politique actuelle. La politique gouvernementale conduit la
gauche dans le mur et ouvre un boulevard à une droite de plus en plus
radicalisée, avec un FN en embuscade, qui attend son heure. Je conviens
avec lui que l’heure est au rassemblement, davantage qu’à la
stigmatisation. Demander que les têtes tombent ne fait qu’ajouter de la
violence à la violence, du ressentiment au ressentiment.
Je pense, moi aussi, qu’il ne faut pas que la colère vire au
ressentiment. La colère peut nourrir la combativité ; elle est alors le
prélude à l’action, le ferment possible d’un changement. Le
ressentiment, lui, ne porte pas à lutter contre les causes du mal, mais à
chercher les boucs émissaires. La colère peut aller jusqu’à la
révolution ; le ressentiment mène au fascisme. Mais le ressentiment ne
gagne que lorsque la colère se marie avec la désespérance. C’est à
partir de là que je diverge du propos de Jérôme Gleizes.
Il ne faut pas se contenter de changer les hommes, mais d’abord de
politique : d’accord. Mais comment obtenir un changement de politique ?
Il n’y a, à gauche tout au moins, que deux méthodes possibles. La
première consiste à accompagner de façon critique la politique suivie
par le sommet socialiste de l’État. C’est le choix de la gauche
socialiste et, pour l’instant, celui d’EE-LV. Ce fut, entre 1997 et
2002, la méthode retenue par le PCF de Robert Hue. On en a mesuré hier
l’inefficacité. Comment pourrait-il en être autrement aujourd’hui ?
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