Membre du collectif des Économistes atterrés, Christophe
Ramaux, maître de conférences à Paris-I-
la Sorbonne, s’inquiète de la
politique du « tout-austérité » prôné depuis un an par François
Hollande.
Le président de la République a adressé une fin de
non-recevoir à ceux de ses ministres appelant à une « inflexion » de sa
politique budgétaire. Même si François Hollande s’en défend, l’austérité
semble plus que jamais à l’ordre du jour, selon vous
est-ce la bonne
méthode pour sortir la France de la crise ?
Christophe Ramaux. C’est une politique vouée à
l’échec. Nous sommes en réalité dans l’acte II de la crise. Lors de
l’acte I écrit en 2008, tout le monde s’accordait à dire que les
politiques néolibérales avaient échoué. Et pourtant, dès 2010, ceux-là
mêmes qui ont plongé l’Europe et le monde dans la crise ont repris la
main. Aujourd’hui le gouvernement de François Hollande ne fait qu’obéir à
la nouvelle doxa des ultralibéraux, à savoir faire passer la dette
publique comme responsable de tous les maux. Pour ce faire, deux cures
d’austérité sont proposées à cette Europe – il est vrai bien malade –,
une cure d’austérité budgétaire et une cure d’austérité salariale. Trois
ans plus tard, il faut être aveugle pour ne pas voir les conséquences
de telles mesures. En Grèce, en Espagne, au Portugal, tous les pays qui
ont été traités de cette manière voient leur économie encore plus mal en
point. Aujourd’hui la Grèce connaît une dépression semblable à celle
des années 1930 avec – 20 % de baisse de son PIB depuis le début de la
cure d’austérité ; le Portugal voit également son PIB chuter de 10 %
depuis qu’on lui inflige les mêmes recettes.
Cette logique économique qui affirme que la réduction de la
dette publique est la condition sine qua non à l’indépendance de la
France est-elle justifiée ?
Christophe Ramaux. Si la France continue à maintenir
le cap de l’austérité, nous aurons à terme les mêmes problèmes que nos
voisins du Sud. Donc il n’y a rien de justifié dans une telle
construction idéologique. Tout au contraire, les politiques d’austérité
ont fait exploser la dette de ces pays et les rendent de fait de plus en
plus fragiles et dépendants. Le pays où la dette publique a le plus
augmenté ces deux dernières années est le Portugal. Elle est passée de
95 % du PIB début 2011 à 120 % du PIB à la fin 2012. C’est le résultat
concret et visible de cette politique inepte.
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