Dans une guerre civile, la victoire même est toujours une défaite. Les partisans d'Alassane Ouattara se souviendront-ils de cette évidence quand, dans quelques jours, quelques semaines, ils se partageront tous les postes qu'occupent actuellement les derniers fidèles de Laurent Gbagbo ? Poser cette question en ces heures absolument tragiques pour toute la Côte d'Ivoire peut paraître bien dérisoire - sauf à oublier que, au moment d'une victoire par les armes, quelle qu'elle soit, il convient toujours d'anticiper la suite des événements pour que des drames ne s'ajoutent pas aux drames. En effet, les jours qui viennent de s'enchaîner dans tout le pays et singulièrement à Abidjan, où se terre le président sortant, ont de quoi écourer tout humain digne de ce nom connaissant un peu la situation vécue par les Ivoiriens depuis une décennie au moins.
Puisque ces temps-ci les armes ne veulent décidément pas se taire, cette confrontation horrible, avec ses meurtres aveugles et ses massacres de masse d'un côté comme de l'autre, aura des prolongements durables pour tous les Ivoiriens et au-delà. Comment oublier que l'effort multilatéral entrepris depuis 2003 avec l'ensemble des États africains a été réduit à néant depuis le dernier scrutin, alors qu'une solution politique de réconciliation était en marche ? En ce domaine, la lucidité est tout le contraire de la naïveté. Discrédité par ses actes de violences et par sa stratégie suicidaire (pour son peuple) du « seul contre tous les impérialistes », ce n'est pas prendre position pour Laurent Gbagbo que de rappeler comment et pourquoi les pressions de la « communauté internationale » l'ont poussé à un raidissement. Rappelons-nous par exemple que la « certification » de la victoire d'Alassane Ouattara par le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Côte d'Ivoire, le Sud-Coréen Choi Young-Jin, fut juridiquement ambiguë, puisque les Nations unies n'avaient pas sollicité une telle responsabilité et que cette « certification » fut prise au lendemain de la proclamation du Conseil constitutionnel donnant Laurent Gbagbo vainqueur. Beaucoup y ont vu la « main des Occidentaux ». Hélas, comment pouvait-il en être autrement ?
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Communiqué du Parti communiste Français
Côte d'Ivoire: le PCF exige l'arrêt immédiat de l'engagement militaire français
En participant directement aux intenses combats militaires ivoiriens opposant Allassane Ouattara et Laurent Gbagbo la France choisit l'escalade, la politique de force et la guerre, en se masquant derrière une demande de l'ONU.
Rarement les Nations-Unies, dont la Charte bannit explicitement le recours à la force, auront été à ce point instrumentalisées pour tenter de justifier, depuis le début de la crise, le refus systématique et consternant d'une issue politique négociée qui restait possible malgré les difficultés. Les Communistes français expriment leur grande inquiétude devant une situation aussi dangereuse pour le peuple ivoirien et pour toutes les personnes expatriées françaises et de toutes nationalités vivant en Côte d'Ivoire.
Le PCF exige l'arrêt immédiat de l'engagement militaire de la France. Les autorités françaises doivent provoquer une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, en présence de l'Union africaine, pour que soient définies les conditions d'un cessez-le-feu et d'un processus conduisant à une solution politique.
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