Par Laurent Mauduit
Il faut maintenant se rendre à l’évidence : la politique économique
conduite par François Hollande n’a rien à voir avec ce qu’il avait
laissé entendre durant la campagne présidentielle. Candidat, il avait
suggéré qu’il fixerait le cap à gauche – pas à gauche toute, mais à
gauche tout de même. Devenu président, voilà qu’il crée la surprise en
conduisant une politique sociale-libérale.
Que l’on se
souvienne des débats de la campagne présidentielle. A l’époque, François
Hollande avait certes envoyé des signes multiples de sa prudence. Sur
la politique budgétaire, en écornant le programme de son propre parti et
en proposant que la réduction des déficits publics sous les 3 % du PIB
soit atteinte dès 2013 et non en 2014 ou 2015. Sur la politique fiscale,
en prenant insensiblement ses distances avec la « révolution » qui
était aussi gravée dans le marbre du projet du PS et dont le projet
phare devait être la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG. Ou
encore sur la politique salariale, en préconisant la modération.
Mais, envers et contre tout, François Hollande a
veillé à ce que la petite musique de son projet garde une sonorité de
gauche. C’était la raison d’être de sa proposition d’une taxation à 75 %
des revenus au-delà de 1 million d’euros, ou encore de quelques-unes de
ses sorties enflammées : « Mon ennemi, c’est la finance ! »
Et puis, voilà qu’à peine installé à l’Elysée il met en œuvre une
politique économique qui n’a plus rien à voir avec cela – une politique
dont les inspirations philosophiques ont beaucoup de points communs avec
les brûlots libéraux qu’ont l’habitude de produire l’OCDE et le FMI
pour promouvoir ce qu’ils appellent pudiquement des « réformes
structurelles ».
La première illustration de ce changement de cap,
c’est évidemment la priorité donnée à la question du coût du travail,
dont l’allégement au profit des employeurs sera payé, au moins
partiellement, par les consommateurs, par le biais d’une hausse de la
TVA. Car, dans ce cas, la source d’inspiration ne fait guère de doute :
il suffit de lire les rapports en faveur d’un « choc de compétitivité »
publiés en janvier par l’Institut de l’entreprise ou en mars par
l’Institut Montaigne pour comprendre que le gouvernement a été puisé
dans des rapports patronaux pour construire la charpente idéologique de
sa réforme.
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