Les
communistes ne veulent pas se contenter de la politique menée par le
gouvernement, qui ne répond pas assez à leurs yeux aux "aspirations
populaires". Au Sénat, sur plusieurs textes, ils ont
montré leur désaccord. Mais assurent ne pas être dans l'opposition
au gouvernement.
Le rejet du projet de programmation budgétaire - déjà acté en
commission la semaine dernière - était attendu. Il a été rendu effectif
mercredi soir par une opposition des communistes, de l'UMP et
des centristes. Quelques jours après avoir retoqué la proposition de
loi sur la tarification progressive de l'énergie, le PCF compte bien se
faire entendre au Sénat, où la majorité est fragile.
"Nous sommes pour une vraie politique de gauche. On ne vote pas
contre la gauche, mais contre des mesures qui ne nous paraissent pas
aller dans le bon sens", avait alors expliqué au JDD.fr la sénatrice communiste
Mireille Schurch à l'origine de la motion d'irrecevabilité. "Nous espérons que le gouvernement saura tirer les leçons de ce qu'il s'est passé : qu'il sera nous écouter et nous entendre",
avait-elle ajouté.
Pour l'heure, les communistes ne semblent donc pas satisfaits de la
manière dont les choses évoluent. Pourtant, ils ne se disent pas pour
autant dans l'opposition au gouvernement. "Nous ne
sommes pas au gouvernement, mais nous sommes dans la majorité", précisait Mireille Schurch. "Nous ne sommes pas dans l'opposition, nous sommes à gauche et nous voulons que la gauche
réussisse", a renchéri jeudi Marie-George Buffet sur LCI. Pour la députée de Seine-Saint-Denis le sujet n'est pas là. "Ce n'est pas une question d'être dans l'opposition, la question,
c'est d'être fidèles aux positions que nous avons défendues pendant la campagne électorale", a-t-elle poursuivi, regrettant que "le gouvernement multiplie les textes qui vont à l'inverse
de ces aspirations populaires".
Une "force de construction"
Dans le JDD le week-end dernier, le chef de file des
communistes, Pierre Laurent, avait mis en garde le gouvernement, estimant ne pas être assez entendu. L'exécutif "devrait être un peu moins à l'écoute des grands partons et plus à l'écoute de
nos propositions", raillait le sénateur de Paris. Mais le patron du PCF rejetait lui aussi le terme d'opposition, préférant parler de "force de construction". "Quand les mesures
vont dans le bon sens, nous les votons (…) Mais nous refusons ce qui nous paraît contraire à l'intérêt national", justifiait-il, assurant ne pas parier sur "l'échec de la gauche" au
pouvoir.
Un positionnement parfois compliqué à expliquer, mais qui pourrait
entraîner d'autres difficultés pour la majorité gouvernementale. En
effet, les communistes n'excluent pas de s'opposer au projet
de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). "En l'état, nous le jugeons très inquiétant (…) Si nous n'obtenons pas des modifications importantes au Sénat, nous voterons
contre", a déjà fait savoir Pierre Laurent.
"Une chose est sûre : nous allons continuer"
Alors pour éviter un nouveau "camouflet", terme récusé par
le gouvernement, Pierre Laurent, accompagné d'Eliane Assassi et André
Chassaigne, respectivement président des groupes
communistes au Sénat (CRC) et à l'Assemblée (GDR), ont été reçus par
Jean-Marc Ayrault à Matignon jeudi en fin d'après-midi. "Nous avons un diagnostic commun sur l'état dans lequel la droite
a laissé le pays mais nous avons des divergences fortes sur les solutions à apporter", a déclaré le chef de file du PCF à l'issue de cette réunion, où a notamment été évoqué le "débat
budgétaire qui cristallise ces divergences d'appréciation". Selon Pierre Laurent, le Premier ministre a fait valoir que "les équilibres atteints étaient de son point de vue intangibles,
que les marges de manoeuvre n'étaient pas suffisantes pour répondre à ce que nous proposions".
"Une chose est sûre : nous allons continuer, et nous l'avons dit
au Premier ministre, à défendre nos amendements et nos propositions", a conclu le communiste, en récusant "tous
les
propos qui consistent à dire que nous faisons cause commune avec la
droite, alors que nous sommes toujours au premier rang pour la combattre". De son côté, un peu plus tôt dans la journée,
si le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, avait regretté que la majorité sénatoriale ne soit pas "plus soudée", son homologue du Travail, Michel Sapin, a donné le mot d'ordre : le
gouvernement doit "persuader, persuader, persuader toujours".
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