L’assassinat du chef de la branche armée du Hamas ravive la
tension dans toute la région. Terrible provocation à la veille du
scrutin israélien, elle pourrait déclencher des surenchères dans
l’agression qui n’excluraient pas le déploiement d’une nouvelle
offensive terrestre de l’armée israélienne de sinistre mémoire.
«Ici, dans la bande de Gaza, vivre c’est mourir !» Voilà le
témoignage cru d’un habitant de Abassane, un village situé près de Khan
Younès, dans la bande de Gaza. Joint par téléphone, Zoher parle des
raids incessants de l’aviation israélienne. Il dit cette femme et cet
enfant fauchés à quelques rues de chez lui. Il ne s’en étonne plus tant
il sait qu’Israël « ne cessera jamais de vouloir tuer les
Palestiniens », comme il le clame.
Depuis bientôt une semaine, aux quelques roquettes palestiniennes tirées depuis la bande de Gaza,
répondent des dizaines de missiles israéliens. Des faits qui
retranscrivent mal la réalité sur le terrain. L’offensive menée en
décembre 2008 et janvier 2009 contre la bande de Gaza – outre les 1 400
morts palestiniens, principalement des civils, et les destructions de
centaines d’habitations – avait permis à l’armée israélienne d’étendre
son champ d’action : en éradiquant toutes les plantations sur une
profondeur de plusieurs kilomètres depuis la « frontière » séparant
Israël de la bande de Gaza, Tel-Aviv se donnait le droit de patrouiller
en toute impunité dans cette zone. Samedi, une jeep israélienne a ainsi
été la cible d’un tir de roquettes. Le prétexte idéal pour le premier
ministre israélien, Benyamin Netanyahou.
Sept Palestiniens ont été tués jeudi dans des raids de l’aviation
israélienne contre la bande de Gaza et trois civils israéliens par un
tir de roquette dans le sud d’Israël. Au total, 15 Palestiniens ont
péri, dont deux mineurs et une femme, et au moins 150 ont été blessés
depuis le début de l’opération « Pilier de défense » déclenchée mercredi après-midi avec l’assassinat du chef des opérations militaires du Hamas, Ahmad Jaabari.
Le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni en urgence dans
la nuit de mercredi à jeudi pour discuter des raids israéliens. Mais
sans finalement prendre de décision, alors qu’Israël a menacé
d’accroître son offensive. Tel Aviv a reçu le soutien des États-Unis et
de la Grande-Bretagne, alors que la France – pourtant plus alerte
lorsqu’il s’agit de la Syrie – renvoie dos à dos Israël et le Hamas, les
appelant à « la retenue » ! De quoi laisser le temps à Israël de
poursuivre son opération. Hier, depuis le village d’Abassane, Zoher
demandait au téléphone : « Vous pensez que les Israéliens vont entrer
avec leurs chars ?»
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