Le coprésident de la fondation Copernic, qui a signé un
rapport intitulé « En finir avec la compétitivité » (ci-dessous), réagit
aux mesures annoncées par le gouvernement qui reprend pour l’essentiel
les préconisations du rapport Gallois.
Quelle est votre appréciation globale des mesures annoncées
par le gouvernement ?
Pierre Khalfa. Le gouvernement reprend pour
l’essentiel les préconisations du rapport Gallois, qui lui-même
reprenait principalement les exigences du patronat.
Quel regard portez-vous sur le transfert annoncé d’une partie de la fiscalité
des entreprises vers les ménages ?
Pierre Khalfa. Le rapport Gallois préconisait un
transfert direct des cotisations patronales sur les ménages, les mesures
du gouvernement prévoient un transfert indirect par le biais d’un
crédit d’impôt. C’est un cadeau au patronat de 20 milliards d’euros.
L’augmentation de la TVA qui en finance une partie est particulièrement
injuste puisqu’elle touche de manière disproportionnée les classes
populaires, qui consomment l’essentiel de leur revenu. Il s’agit d’un
retour de la « TVA sociale » de Nicolas Sarkozy, que François Hollande
avait condamnée et que son gouvernement a abrogée. C’est un reniement
majeur. De surcroît, les ménages payeront deux fois. Car une nouvelle
baisse des dépenses publiques de 10 milliards d’euros est également
prévue. Elle s’ajoute à celles déjà programmées d’ici à 2017. C’est une
véritable cure d’austérité que le gouvernement prépare.
Cette mesure est-elle de nature
à permettre la relance de l’économie ?
Pierre Khalfa. Alors que l’économie stagne, que
l’investissement des entreprises est au plus bas, couper dans les
dépenses publiques et réduire la consommation des ménages, en augmentant
la TVA, ne peut qu’entraîner la France dans une logique récessive qui
enfoncera le pays dans la crise. Les allégements de cotisations
sociales représentent déjà plus de 30 milliards d’euros en contrepartie
desquels le patronat s’était engagé à embaucher. Résultat : un simple
effet d’aubaine. Même la Cour des comptes a indiqué que l’effet sur
l’emploi est incertain.
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