par Maurice Ulrich
"Donc ce qui était juste et bon pour les sénateurs socialistes avant
les élections présidentielle et législatives ne l’est plus. Ils sont en
passe de rejeter désormais les amendements qu’ils avaient eux-mêmes
proposés avec le Front de gauche, quand la droite était au pouvoir. Il ne s’agit pas là de chipotages et de bouts de ficelle.
L’ensemble des mesures de ce contre-budget porte sur trente milliards !
C’est précisément le montant des économies que le gouvernement est
censé faire dans le prochain budget.
Peu importent les mots qui viennent pour qualifier le fait. La réalité, c’est que la gauche qui gouverne passe délibérément à côté d’une occasion historique,
oui, on dit bien historique, de mettre en œuvre une vraie politique de
gauche telle qu’elle l’appelait elle-même de ses vœux et telle qu’elle
semblait la concevoir dans une co-élaboration avec ses partenaires. Et,
dans le même temps, une occasion de s’appuyer sur ceux qui l’ont élue et
de retrouver leur confiance tout en répondant à une partie de leurs
attentes.
On le sait, cette conversion qui fait que ce qui était blanc devient noir et inversement
va rencontrer l’approbation de tous ceux, commentateurs, politiques
et
milieux patronaux, qui sommaient François Hollande et son gouvernement
de se rendre enfin
au « réalisme économique ».
On a compris tout
autant que nombre d’entre
eux trouveront que ce n’est pas encore assez
que cette politique budgétaire, comme ils trouvent insuffisant le pacte
de compétitivité et comme ils trouvent toujours trop pesant le modèle
social français, ou ce qu’il en reste
et qu’ils veulent faire sauter.
Ainsi, nous expliquait hier matin sur France Inter, Nicolas Beytout,
ancien directeur du Figaro
et ancien directeur puis PDG du groupe Les
Échos,
la dégradation par l’agence de notation Moody’s
de la note de
la France, la semaine passée, signifie qu’elle doit faire plus, et
notamment en réformant
son marché du travail comme sa protection
sociale.
Signe des temps : aucun journaliste de l’Humanité, soit dit en
passant, n’a une chronique sur France Inter,
ni même n’y est invité
régulièrement. Nicolas Beytout si, qui a une chronique hebdomadaire.
C’est un expert bien sûr, puisqu’il a dirigé aussi bien le journal de
Serge Dassault que le groupe de presse de Bernard Arnault !
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