Par Nathanaël Uhl
Lundi, le bureau national du PS s’est réuni pour harmoniser
l’expression sur le "Pacte de responsabilité" et la "politique
de l’offre". Ce même jour, les gauches du PS, unies, sont sorties du
silence pour dire « Il n’y a pas qu’une seule politique possible ». Et qu’il y
en a aussi une à gauche.
Faut-il que la situation soit grave pour que les gauches du
Parti socialiste aient décidé de sortir de leur réserve ? La période des
élections municipales est, d’ordinaire, l’occasion d’observer un silence
prudent. Les militants socialistes, quelle que soit leur sensibilité, se
détournent du national pour camper sur le local. L’officialisation de la
"politique de l’offre" comme nouveau credo de la politique économique
du gouvernement a fait sauter les digues. Comme si le "Pacte de
responsabilité" cher à François Hollande rappelait les gauches du Parti
socialiste à leurs propres responsabilités. Et c’est unis que Maintenant la
gauche (Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann), Un monde d’avance (les
proches de Benoît Hamon) et des membres de la motion 4 (majoritairement
d’anciens proches de Ségolène Royal, animés par Stéphane Hessel) ont publié
l’appel « Il n’y a pas qu’une seule politique possible ». Ils ont choisi ce
lundi 10 février et le séminaire organisé par le bureau national du PS pour le
rendre public.
Revenir au discours du Bourget
Le débat a eu lieu, à huis clos. « Dans la forme, il s’est
bien passé », résume Pouria Amirshahi, député de la 9e circonscription des
Français de l’étranger et signataire de l’appel. Sur le fond, Jean-Marc Ayrault
a délivré l’explication de texte officielle. Et les ténors des gauches du PS
ont riposté, argument contre argument. « Personne ne s’est convaincu, glisse
Pouria Amirshahi. Mais nous avons formalisés nos désaccords. Rien que pour
cela, c’était utile. » Du côté de Maintenant la gauche, on avait pourtant tâché
de mettre sous le boisseau les désaccords. La solidarité de parti en période
électorale n’est pas un vain mot au PS. Seul Gérard Filoche n’a pas mis ses
positions en sourdine au cours du dernier trimestre 2013. Ainsi, alors que les
députés de la gauche du PS se singularisaient par des votes divergents sur la
réforme des retraites, Gérard Filoche titrait sur son blog« Pour la première
fois c’est la gauche qui casse nos retraites ».
L’appel à une autre politique, qui reprend en fait les axes
essentiels du discours de François Hollande au Bourget, rompt avec le silence
prudent des quatre derniers mois de 2013. Un premier tir à blanc a eu lieu à
l’occasion des vœux présidentiels, par la voix du Pascal Cherki, membre de
Maintenant la gauche. Assurant « comprendre les interrogations qu’on peut avoir
»sur la politique du gouvernement, le député PS de Paris avait admis
reconnaître « les intentions du président de la République », mais « doute(r)
que les moyens employés permettent d’y arriver ».
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