Par Jack Dion
En ces temps où l’ennemi à abattre, c’est la valeur travail
et son insupportable « coût », la
nouvelle est passée inaperçue. C’est dommage, car elle vaut son pesant de
bonus. Selon une étude de Henderson rapportée par Les Echos (24 février), pour
la première fois, les dividendes versés dans le monde ont dépassé les 1000
milliards de dollars pour atteindre 1030 milliards de dollars. Champagne !
En soi, le résultat est impressionnant, mais la tendance
l’est encore plus. En effet, alors que l’on rebat les oreilles de la crise, des
efforts à fournir, des sacrifices à partager, des boulons à visser, des
bretelles à remonter, des ceintures à resserrer et des vestes à retourner, que
constate-t-on ? Que les dividendes ont progressé de 43% depuis 2009.
En somme, bourrasque ou pas, dérèglement ou pas, les
rentiers et leurs familles se portent comme les oligarques d’Ukraine ou
d’ailleurs. Ils prélèvent une véritable dime sur l’entreprise.
Et les actionnaires bien de chez nous, les riches de souche
hexagonale, comment vont-ils ? Bien, très bien, merci pour eux. Avec 50
milliards de dollars de dividendes versés en 2013, la France se situe en
troisième place, juste derrière les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Autrement
dit, une fois que l’on enlève les deux principales places financières de la
planète (Wall Street et la City), Paris
est la ville de toutes les opportunités pour actionnaires en mal de rentabilité.
C’est bon à savoir, vu ce que l’on entend sur la santé des
entreprises écrasées par les « charges » (celle du travail, pas du capital,
dont on ne parle jamais), l’avenir des riches tondus par le fisc, le sort des
malheureuses banques, et le manque d’« attractivité » d’un pays boudé par les
capitaux, au point que le président de cette drôle de République en est à faire
des risettes au président du Medef sans obtenir le moindre remerciement en
retour.
En fait, les chiffres précités ne font que confirmer les
résultats récents du CAC 40. Selon les dernières statistiques, les profits de
ces ténors sont passés de 59,8 milliards d’euros en 2012 à 73,6 milliards en
2013 (+23%), et devraient atteindre 87,3 milliards (+19%) au terme de cette
année.
Dans un pays où l’on nous explique jusqu’à plus soif que les
caisses sont vides, voilà une musique dissonante. Imaginons une seconde le
concert auquel on aurait eu droit si, par hypothèse absurde, les grosses
légumes du CAC 40 avaient annoncé des pertes. Seulement voilà. Depuis 2007,
nonobstant la crise dont ils sont mes premiers responsables, Nos Amis de la
Bourse ont toujours obtenu des résultats positifs - inégaux, certes, mais
positifs.
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