Par Yvon Quiniou
Il est un peu désolant intellectuellement de voir la plupart
des commentateurs parler d’un tournant « social-démocrate » de F. Hollande
alors qu’il s’agit en réalité d’un tournant « social-libéral », non dans sa
pratique gouvernementale qu’il ne fait qu’accentuer, mais dans son idéologie
politique (même s’il n’aime pas ce mot), tournant qui marque une vraie fracture
dans l’histoire de la gauche en France dont on n’a pas encore mesuré les effets
à venir. Il convient donc de dissiper une fois pour toute cette confusion qui
ne fait pas honneur à ceux qui font la politique ou sont censés l’analyser avec
probité.
La social-démocratie, à laquelle Marx appartenait
d’ailleurs, a eu son heure de gloire tout au long du 20ème siècle, jusqu’à la
chute du mur de Berlin. Elle a été une authentique forme du mouvement ouvrier
qui entendait réformer le capitalisme de l’intérieur sur la base d’un compromis
entre le monde du travail et le Capital, organisé démocratiquement par L’Etat –
quitte à envisager à terme le dépassement du capitalisme lui-même (hormis en
Allemagne lorsque le SPD a rompu avec le marxisme à Bade-Godesberg), mais pas à
pas. D’où un ensemble de conquêtes positives arrachées à la classe capitaliste
par les syndicats et les partis de gauche, dans toute une série de domaines
comme les salaires, les droits sociaux, les services publics, etc. Réformer
c’était donc améliorer le sort des classes populaires et initier un progrès
économique et social en leur faveur, ce qui explique que dans certains pays
comme la France, cela ait pu se faire avec l’appui des communistes (1936, 1946,
1981) pourtant partisans d’une rupture révolutionnaire, dont le PS français
était d’ailleurs idéologiquement partisan à l’époque de Mitterand et du programme
commun de la gauche.
Le social-libéralisme, c’est tout autre chose et sa
domination actuelle vient d’un seul
évènement : l’effondrement quasi spontané du système soviétique à partir
de 1989.
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