Monsieur le Président de la République,
Vous ouvrez cet après- midi la troisième conférence sociale
de votre quinquennat. Après cinq années de mépris des organisations syndicales
par le précédent gouvernement, vous avez souhaité donner une nouvelle dimension
aux relations sociales dans notre pays en instituant, dès votre élection, le
principe d’une conférence sociale annuelle.
Donner un sens politique à la construction sociale dont
notre pays a besoin, sous la responsabilité du Président de la République qui
est garant de la cohésion de la nation, est une ambition à laquelle la CGT est
sensible.
Au bout de trois exercices, il est temps d’en faire le
bilan. Un bilan économique et social d’abord.
La situation des salariés se dégrade de mois en mois :
hausse des inégalités, augmentation de la pauvreté qui touche d’abord les
chômeurs et les salariés, installation du chômage de masse, désillusion,
démobilisation et usure des salariés au travail, déstructuration de la vie
sociale.
L’industrie continue de perdre des emplois. Les mesures
d’austérité prises par le gouvernement aggravent la situation.
Le pacte de responsabilité met en danger notre protection
sociale. La transformation progressive de notre sécurité sociale vers une
fiscalisation du financement et des prestations n’est pas de nature à répondre
aux besoins d’aujourd’hui.
En l’absence d’engagements clairs du patronat sur la
création d’emplois, le pacte de responsabilité va avoir un effet récessif sur
notre économie.
Vous avez décidé d’engager une réforme territoriale en
urgence, qui soulève une opposition majoritaire. Cette réforme intervient au
moment même où vous mettez un terme à la remise à plat fiscale proposée par
l’ancien Premier ministre, qui aurait pu ouvrir la voie à de nouveaux moyens
pour l’action publique. La réforme territoriale n’est pas destinée à rapprocher
le service public des citoyens. Au contraire il s’agit de chercher, à tout
prix, les économies imposées par votre plan d’austérité à 50 milliards d’euros.
Elle va se traduire par un vrai plan social dans la fonction publique. Nous y
sommes clairement opposés.
La politique menée fait exploser les conflits sociaux parce
que le gouvernement ne veut pas entendre les salariés, ni ouvrir une réflexion
de fond sur les problèmes qu’ils rencontrent. C’est vrai à la SNCF, c’est vrai
du conflit des intermittents. Nous avions averti que la remise en cause par le
patronat des conditions d’indemnisation du chômage des salariés du spectacle et
des intérimaires conduirait à l’affrontement. Nous y sommes.
Je vous ai alerté également vendredi dernier sur la
situation de la SNCM. Il est inacceptable que l’Etat renie sa parole. C’est
cela qui provoque l’exaspération de tous les acteurs concernés.
Nous attendons un changement de cap en matière économique et
sociale.
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