Par Laurence Dequay
C’est le zigzag de trop. Pour ramener le patronat aux
différentes tables rondes de la conférence sociale des 7 et 8 juillet, le
Premier ministre Manuel Valls a tranché : jetant à la poubelle les projets de
décrets rédigés par les équipes de Marisol Touraine, la ministre des Affaires
sociales et de la Santé, il reporte d’un an, au premier janvier 2016,
l’obligation pour les entreprises de répertorier exhaustivement les dix
facteurs de risques auxquels elles exposent leurs salariés sur des fiches
individuelles. Fiches qui, à l’avenir, doivent leur permettre de partir plus
tôt en retraite (1). En 2015, seuls seront pris en compte : le travail de nuit,
le travail répétitif, en équipe alternative ou sous pression hyperbare.
Sur le fond, plus que ce demi recul, ce qui effare, c’est la
capacité de l’Elysée et de Matignon, à ruiner ce « dialogue social », sur
lequel ils comptent cependant pour sortir le pays de la nasse du chômage de
masse…
En effet, selon nos informations, la grosse colère du
patronat de ce début de semaine, a pour origine… une promesse élyséenne non
tenue. Car lorsque le président avait reçu Pierre Gattaz accompagné d’une
délégation patronale, en présence de Manuel Valls, le chef de l’Etat lui aurait
déjà promis, les yeux dans les yeux, le report à 2016 du dispositif pénibilité.
Une « bonne nouvelle » que Gattaz avait alors vendue, mi-juin à sa base pour la
calmer, notamment les petits patrons du BTP. Le 17 juin, lors de sa conférence
de presse, le patron des patrons promettait donc tout sourire d’assurer « le
succès de la phase deux du pacte de responsabilité élyséen ». Et scoop pour les
partenaires sociaux, « de ne plus chercher à passer en force sur les sujets qui
fâchent. » Tous les signaux étaient au vert…
Cependant, quelques jours plus tard, en découvrant que les
premiers décrets rédigés par Marisol Touraine ne respectaient pas à son sens,
la parole élyséenne et que les chefs d’entreprises devraient d’ici à la fin de
l’année, répertorier toutes les tâches pénibles imposées à leurs employés,
Gattaz sortait de ses gonds. « Non seulement on s’est senti floué, mais nombre
de petits patrons ne disposent pas des logiciels permettant cette collecte. »
rugit-t-on, avenue Bosquet, au siège du Medef. D’où ce grand cirque : une
tribune du patronat uni dans le JDD et la menace de boycotter la Conférence
sociale…
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