Désormais, près d’un Français sur deux ne peut pas partir en
vacances. Un droit de plus en plus remis en cause par l’austérité généralisée
et
l’absence de politique vigoureuse pour
aider au départ. Rencontre avec ces familles
qui passeront leur été
chez eux, bon gré mal gré.
Lille, Roubaix, envoyé spécial. «Si on pouvait, on
partirait, c’est clair ! » Mais, cette année encore, la famille Wattier ne
sortira pas la tente de camping pour une longue
escapade en Vendée. L’été, elle le passera dans sa petite maison de
briques, rue d’Alger, à Roubaix (Nord). Comme depuis trois ans. « Un endroit
calme, on ne se plaint pas », assure Patrick. Son épouse, Sabine, acquiesce : «
Avoir une maison, aujourd’hui, c’est un luxe ! À choisir, je préfère ça plutôt
que d’avoir un appartement et de pouvoir partir en vacances. » Le problème,
justement, étant de devoir « choisir ».
Un dilemme face auquel se retrouvent de plus en plus de
Français. Depuis une dizaine d’années, le taux de départs en vacances ne cesse
de se dégrader. Selon le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des
conditions de vie (Credoc), les Français étaient 66 % au milieu des années 1990
à profiter d’un séjour estival pour couper avec leur quotidien. Ils ne sont
plus que 57 % en 2013. Mais il serait faux de parler d’un recul général. Cette
baisse du taux de départs est creusée par les catégories les plus pauvres.
L’année dernière, près de 80 % des foyers gagnant plus de 3 000 euros ont
continué à programmer un séjour de vacances durant l’été. Un chiffre stable.
En revanche, seuls 35 % des foyers ayant un revenu inférieur
à 1 200 euros ont tablé sur un départ,
reculant de dix points par rapport à 1998.
Sur quinze ans, ce sont les catégories sociales les plus
défavorisées qui ont enregistré la baisse la plus conséquente. « Le fossé des
vacances se creuse, constate Sandra Hoibian, chercheuse au Credoc. Depuis 2008,
les plus modestes ont pris de plein fouet la crise et ne s’en remettent pas. Le
taux de départ des plus pauvres n’a jamais été aussi bas depuis le milieu des années
1990. Les autres catégories, elles, ont tendance à repartir en vacances
davantage depuis 2010. »
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