L'Otan
dénonce une "menace majeure". La Chine condamné le dernier tir de
missile nord-coréen qui a survolé le Japon et appelle l'ensemble des
parties à la retenue.
La
Corée du Nord a répliqué vendredi au dernier train de sanctions de
l'ONU en tirant un missile balistique au dessus du Japon, sur une
distance semble-t-il inédite, aggravant des tensions qui sont déjà à des
sommets. Le missile a été tiré d'un site proche de
Pyongyang, moins d'une semaine après l'adoption par le Conseil de
sécurité de l'ONU d'une huitième série de sanctions pour tenter de
convaincre le pays reclus de renoncer à ses programmes balistique et
nucléaire interdits. La nouvelle résolution sanctionnait le
sixième essai nucléaire nord-coréen, de loin le plus puissant et qui
concernait selon Pyongyang une bombe H suffisamment petite pour équiper
un missile.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a annoncé une réunion d'urgence pour vendredi dans l'après-midi. Si
le président américain Donald Trump ne s'est pas encore exprimé
directement, Washington a enjoint la Chine, principal allié et soutien
économique de Pyongyang, et la Russie, à faire directement pression "de
leur propre chef" sur Pyongyang.
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a condamné le
tir de missile qui représente une "menace majeure contre la paix" et
exige "une réponse mondiale".
D'après le Commandement des opérations militaires américaines
dans le Pacifique (Pacom), il s'agissait d'un missile à portée
intermédiaire qui n'a pas menacé le continent américain ni le territoire
de Guam, dans le Pacifique, où Washington possède des installations
militaires stratégiques.
Pékin "s'oppose à la violation, par la Corée du Nord, des
résolutions du Conseil de sécurité (de l'ONU) et à son recours à la
technologie de missiles balistiques pour des tirs", a déclaré devant la
presse la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua
Chunying, tout en estimant que "les parties en présence doivent faire
preuve de retenue".
Selon le ministère sud-coréen de la Défense, le missile a
probablement parcouru 3.700 kilomètres, atteignant une altitude maximum
de 770 km, avant de s'abîmer dans le Pacifique.
C'est le "vol le plus long d'un de leurs missiles
balistiques", a commenté sur Twitter Joseph Demsey, de l'Institut
international des études stratégiques. Cela "montre clairement que la
Corée du Nord dispose de la portée suffisante --mais pas forcément de la
précision-- pour mettre en application le projet Guam". Après
les tirs par le Nord en juillet de deux missiles balistiques
intercontinentaux (ICBM), qui ont semblé mettre à sa portée une bonne
partie du continent américain, M. Trump l'avait menacé du "feu et de la
colère". A quoi Pyongyang avait répliqué en promettant de tirer une
salve de quatre missiles à proximité de Guam.
Pyongyang avait "Guam à l'esprit" vendredi, a jugé le ministre
japonais de la Défense Itsunori Onodera, relevant que le missile avait
une portée suffisante pour atteindre cette île située à 3.400 km environ
de la Corée du Nord. Selon Tokyo, le missile a survolé l'île
septentrionale japonaise de Hokkaido avant de s'abîmer à environ 2.000
km à l'est. Rien n'indique dans l'immédiat que des débris soient tombés
en territoire japonais.
Le 29 août, le Nord avait déjà tiré un Hwasong-12, un missile de
portée intermédiaire, au dessus de l'archipel. Les deux ICBM tirés en
juillet avaient eux suivi une trajectoire en cloche à la verticale, ce
qui leur avait évité de survoler le Japon. "Le Nord envoie le
message suivant: "nous ne tremblons devant aucune sanction et nos
menaces ne sont pas vaines", a déclaré à l'AFP Yang Moo-Jin, de
l'Université des études nord-coréennes de Séoul.
Des millions de Japonais ont été brutalement réveillés par les sirènes et des textos d'alerte. "Lancement
de missile! Lancement de missile! Un missile semble avoir été tiré
depuis la Corée du Nord. Mettez-vous à l'abri dans un bâtiment ou un
sous-sol", invitaient les haut-parleurs à Cape Erimo, dans le sud
d'Hokkaido.
Les programmes télévisés du matin ont été interrompus. Les
services de train entre Hokkaido et l'île principale du Japon, Honshu,
ont été temporairement suspendus. Le Japon "ne tolérera
jamais les dangereux actes provocateurs de la Corée du Nord, qui
menacent la paix dans le monde", a assuré le Premier ministre japonais,
Shinzo Abe. "Si la Corée du Nord continue sur cette voie, son avenir ne
sera pas radieux".
Séoul a réagi pour sa part avec des exercices de tirs de
missiles Hyunmu en mer Orientale, le nom coréen de la mer du Japon,
selon le ministère de la Défense. Un engin a parcouru 250 km, soit une
distance suffisante pour atteindre en théorie le site de lancement
nord-coréen de Sunan, près de l'aéroport de Pyongyang. Mais un autre a
tir a échoué peu après le lancement. Le président
sud-coréen Moon Jae-In a déclaré au conseil de sécurité nationale que le
dialogue avec le Nord était "impossible dans une telle situation",
ajoutant que Séoul avait la capacité d'anéantir son voisin.
Le nouveau tir de missile nord-coréen au-dessus du Japon
constitue une "provocation de plus" qui "met en cause" la sécurité
internationale, a déclaré vendredi la ministre française des Armées
Florence Parly. "C'est une provocation de plus,
certainement qui fait suite aux sanctions qui ont été votées à
l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU en début de semaine",
a-t-elle déclaré sur la radio Europe 1. "Ce qui sera
efficace, c'est que ces sanctions soient d'abord effectivement
appliquées et c'est cela l'enjeu de ces prochains jours", a-t-elle
ajouté. Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir une réunion d'urgence
vendredi après-midi après ce nouveau tir. "Ce qui est en
cause, c'est la sécurité non seulement de cette région du monde mais
aussi la sécurité internationale et l'Europe est concernée puisque les
Nord-Coréens nous ont apporté une forme de démonstration que l'Europe
est potentiellement à portée de leurs missiles", a souligné la ministre.
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