Le
président de la République a organisé sa venue aux Antilles à grands
renforts de communication. Pour faire oublier un certain retard à
l’allumage ?
Emmanuel
Macron calque paraît-il sa communication sur celle de l’ancien
président des Etats-Unis Barack Obama. Style direct, bains de foule,
empathie… « Je vais faire comme les habitants, puisque je serai avec eux
ce soir. Il n'y a pas le choix », a déclaré le chef de l’Etat mardi
matin depuis le tarmac de l’aéroport de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) où
il a atterri mardi pour démarrer sa tournée au chevet des populations
touchées par l’ouragan Irma. « Mais moi je repartirai demain, et eux ils
le font depuis plusieurs jours. » C’est bien toute la différence entre
Jupiter et les simples mortels. Pour la gommer, il a entrepris une
opération de reconquête de son image... à gros sabots.
Pourquoi avoir tardé aussi longtemps pour envoyer des secours ?
BFMTV était là dès sa descente d’avion, pour enregistrer son arrivée
les « bras chargés » de 12 tonnes de fret, surtout des vivres et des
médicaments, transportés depuis la France dans l'Airbus présidentiel.
Pour la suite, c’est l’entourage du président qui a pris en charge le
storytelling, multipliant les confidences sur le lieu où il allait
dormir - un modeste lit de camp dans une chambre de gendarme à
Saint-Martin – et même sur la façon dont il allait se laver – à l’aide
d’un seau d’eau… « Il est venu apporter un message de solidarité, il
sait que les gens ont beaucoup souffert et ne s'attend pas à un accueil
très chaleureux. Mais il va faire oeuvre de pédagogie », insistent sans
convaincre les communiquants de l’Elysée. Un peu tard, selon le
secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, interrogé par
l’Humanité :
« La réponse de l’Etat doit se hisser à un niveau inédit. Les premiers
jours ont montré les limites de cette réponse. » Dans une lettre à la
ministre des Armées, le chef de file des députés communistes, André
Chassaigne, enfonçait le clou, se demandant « pourquoi avoir tergiversé
aussi longtemps » pour envoyer le Tonnerre, un Bâtiment de Protection et
de Commandement, un centre de contrôle flottant pour coordonner les
secours français, alors « qu’une semaine avant, la catastrophe était
avérée »…
Macron « veut montrer qu'il est dans l'action »
L’expert en communication Dominique Wolton, directeur de recherche au CNRS, expliquait hier à
L’Express
qu’Emmanuel Macron « veut montrer qu'il est dans l'action. Mais cela
peut jouer contre lui », remarque-t-il, devinant « une sorte de fausse
transparence excessive » qui pourrait braquer l’opinion : « Cette
situation ne méritait pas de détail, encore moins une "peopolisation" de
ses faits et gestes. Même si le public est voyeur, il ne faut pas
oublier qu'il peut aussi être critique. » Preuve ces photos qui
circulent sur les réseaux sociaux du « bain de foule » du président,
lundi à Toulouse, où il était venu présenter le « volet social » de sa
réforme du code du travail. On y voit un mince cordon de militants en
bordure de la place du Capitole : cadrés serré par des médias
complaisants, ils pouvaient apparaître comme un chaleureux comité
d’accueil, alors qu’à quelques centaines de mètres, deux fois plus de
Toulousains manifestaient contre la réforme. Il va en falloir, de la
« pédagogie », pour rectifier la réalité de l’action gouvernementale…
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