L’Sil
du cyclone Irma, d’un diamètre de 50 km, cet ouragan de catégorie 5,
traverse toute la partie nord des îles des Caraîbes. J.
Romero/AFP/NOAA/RAMMB
L’ouragan
Irma a frappé, hier, les îles Saint-Barthélemy et Saint-Martin,
occasionnant des « dégâts matériels importants ». Il pourrait atteindre
Haïti, où les habitants redoutent le pire.
Des
rafales à près de 360 km/h : annoncé comme l’ouragan le plus puissant
jamais enregistré dans les Caraïbes, Irma fonçait, hier, en fin
d’après-midi, vers Haïti, après s’être abattu sur les îles françaises de
Saint-Barthélemy et Saint-Martin « avec une intensité sans précédent »,
selon Météo France. À l’heure où nous écrivons ces lignes, cet ouragan
de catégorie 5, le niveau maximum d’alerte, y avait causé des « dégâts
matériels importants », d’après la ministre des Outre-mers, Annick
Girardin. Les pertes pourraient s’avérer bien plus extrêmes en Haïti, où
les habitants s’attendaient à une nouvelle catastrophe, tant les moyens
de protection mis à leur disposition s’avéraient dérisoires. Hier
matin, soit quelques heures avant le passage annoncé d’Irma au large de
leur île, les Haïtiens des quartiers pauvres n’avaient pas été informés
du danger encouru. « Je ne savais pas qu’un cyclone arrivait, parce
qu’on ne reçoit pas l’électricité ici, donc on ne peut pas avoir
d’information », explique, à l’AFP, Jacquie Pierre. Depuis le début de
l’année, la jeune femme de 25 ans a déjà vu son habitation inondée à
deux reprises. « Souvent, l’eau déborde et envahit toute la zone, mais
ça n’a jamais été à cause d’un cyclone. Si vous dites qu’un gros cyclone
va nous arriver ici, alors c’est la fin du monde pour nous », se désole
un voisin. Ici, 90 % des bâtiments sont faits de toits en tôle,
incapables de résister à des rafales de vents violents…
En périphérie de la deuxième ville d’Haïti, au centre
d’opérations d’urgence, les campagnes de sensibilisation des habitants
n’avaient pas encore été lancées car les équipes de la protection civile
étaient encore occupées à recenser les équipements et personnels
disponibles.
« Une submersion majeure des parties basses du littoral »
Le mandat de la mission onusienne prenant fin mi-octobre,
les casques bleus ont mis un terme à leurs opérations, quittant le pays
en emportant les équipements lourds qui ont, à plusieurs reprises, servi
lors des inondations saisonnières. « Nous n’avons plus le support de la
Minustah (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti) et
aussi, dans le département, il n’y a pas beaucoup d’ONG qui
interviennent dans le cadre de la gestion des risques, ça rend la
situation difficile », confiait, à l’AFP, Jean-Henri Petit, le
coordonnateur technique de la protection civile. Trois ambulances pour
couvrir tout le département du Nord, qui compte plus d’un million
d’habitants, à peine plus de camions pour tenter de nettoyer ravines et
canaux d’évacuation des eaux, perpétuellement remplis d’ordures faute
d’avoir un système de ramassage… C’est peu dire que les habitants se
sentent abandonnés par les autorités.
Côté français, les autorités n’avaient pas connaissance de
pertes humaines. Les rares informations restaient cependant
« extrêmement alarmantes ». Annick Girardin a d’ailleurs annoncé qu’elle
se rendait en Guadeloupe « avec de nouveaux renforts humains et
matériels pour la zone ».
Après le passage de l’œil du cyclone, d’environ 50 km de
diamètre, Météo France a évoqué « une submersion majeure des parties
basses du littoral », la mer déferlant « avec une violence extrême » sur
les rivages. Les correspondants de l’AFP à Saint-Martin et
Saint-Barthélemy ont fait état de vents accompagnés de pluies
diluviennes et d’éclairs, d’arbres arrachés. Dans les deux îles,
l’électricité a été coupée dans certains quartiers, les connexions
téléphoniques interrompues. Un journaliste de la radio RCI, confiné dans
la salle de bains de sa chambre d’hôtel de Saint-Martin, a décrit sur
Facebook une « situation catastrophique », « un bâtiment qui bouge
énormément ». « Le côté est de l’hôtel a littéralement explosé, la
toiture également. »
Les deux îles avaient été placées dans la nuit de mardi à
mercredi en alerte violette, qui impose le confinement total de la
population. Paris a aussi activé la cellule interministérielle de crise,
et une soixantaine de professionnels de la sécurité civile ont été
envoyés en renfort dans les deux îles. « La mobilisation de l’État est
générale. Ça a été anticipé, l’avant et l’après-ouragan. Nous sommes
mobilisés pour agir très, très vite », a précisé Annick Girardin,
néanmoins inquiète pour les quelque 7 000 personnes ayant refusé de se
mettre à l’abri.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire