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La France a traité 2,6 millions de demandes de visas, pour des
ressortissants étrangers en 2012. Un chiffre en hausse de 20% en dix
ans. Plus d’une demande sur deux passe aujourd’hui entre les mains d’une
entreprise privée. Demandes de rendez-vous, saisies des données
personnelles, jusqu’à la prise des empreintes digitales et de la photo
numérisée pour les visas biométriques, telles sont les missions
désormais confiées à des entreprises privées. Une soixantaine de
consulats délèguent ainsi une partie de ces tâches au privé.
L’externalisation se limite par exemple à la prise de rendez-vous par
l’intermédiaire d’un centre d’appels à Abidjan, Yaoundé ou Dakar. Elle
concerne la collecte des dossiers à Dubaï et New-Delhi. Et va jusqu’à la
saisie des données personnelles des demandeurs dans une vingtaine de
consulats. Sur trois sites, en Grande-Bretagne, Algérie et Turquie [1],
la France expérimente la délégation au privé de la collecte des données
biométriques – photos numérisées et empreintes digitales – et leur
stockage temporaire.
Comment cette démarche, qui touche pourtant à la souveraineté de
l’État, a-t-elle pu être privatisée ? Cette délégation au privé est
justifiée par l’augmentation des demandes, et par la nécessité d’alléger
les effectifs [2].
Pour privatiser une partie du processus de délivrance, la France a
découpé la procédure en morceaux. Selon les ministères concernés
(Affaires étrangères et Intérieur), seules les étapes non régaliennes
sont externalisées. « L’instruction des dossiers et la prise de
décision, qui constituent la partie régalienne de l’activité visa,
continuent de relever de la compétence exclusive des services
consulaires », explique le dernier rapport du directeur des Français de l’étranger et de l’administration consulaire.
Monopole des entreprises et dépendance des États
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