Sous la pression des marchés financiers et des institutions européennes, le gouvernement socialiste se juge obligé de présenter en 2013 une nouvelle réforme des retraites. Pourtant, réduire les retraites (ou les prestations familiales) ne devrait pas être aujourd’hui la priorité de la politique économique française : retrouver une croissance satisfaisante, réformer la stratégie macroéconomique de la zone euro, donner une nouvelle impulsion à la politique industrielle française dans le cadre de la transition écologique sont autrement plus pressants.
Constituer un comité de hauts fonctionnaires et d’experts est
maintenant une pratique courante, pour dépolitiser les choix économiques
et sociaux, pour les écarter du débat démocratique, pour n’envisager
que des solutions conformes aux exigences européennes. Ainsi, le rapport Moreau,
rendu le 14 juin 2013, apparaît-il comme un compromis mou, ne mettant
certes pas en cause le système public de retraite, mais l’affaiblissant
et ne se donnant pas les moyens d’assurer sa fiabilité sociale.
Equilibrer des comptes en période de récession ?
Le déficit des régimes de retraite en 2013 provient
essentiellement de la profondeur de la récession, qui réduit de 5%
l’emploi dans les entreprises, ce qui fait perdre environ 12 milliards
de ressources aux régimes de retraite. L’objectif de la politique
économique en Europe devrait être de récupérer les emplois perdus.
Hélas, le rapport Moreau propose de poursuivre la stratégie de spirale
vers le bas engagée en Europe : « les régimes de retraite doivent
concourir au redressement des comptes publics et à la crédibilité
internationale de la France ». Bien sûr, le rapport oublie que la
baisse des retraites conduit à une baisse de la consommation, donc du
PIB, à une baisse des rentrées fiscales et sociales, d’autant plus que
tous les pays de la zone euro font de même. Lire la suite
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