Par Nathalie Pédestarres
Au nom de la croissance et de la réduction des déficits, le gouvernement
espagnol accélère la privatisation du système de santé publique. Des
fonds d’investissement en quête de « rentabilité élevée » s’emparent
d’hôpitaux, sur fond de conflits d’intérêt et de scandales
politico-financiers. Collectifs citoyens et syndicats dénoncent les
conséquences désastreuses de cette privatisation : des patients mourant
prématurément par négligence, un personnel soignant en pleine
dépression, et des coûts au final plus élevés que ceux d’une gestion
publique. Enquête sur un désastre en cours.
Partenariat public privé » : ce mode de gestion, appliqué au système
de santé publique espagnol provoque des ravages, tant sociaux que
sanitaires. 2 700 personnes seraient mortes prématurément en 2012 dans
la région de Valence, selon un rapport de l’UGT, le premier syndicat
espagnol. En cause : la dégradation des services, les coupes brutales
dans les effectifs, et la gestion privée. « La santé de plus d’un
million de valenciens est entre les mains d’organisations mercantiles
privées qui s’introduisent dans le secteur de la santé publique dans le
but explicite d’obtenir des bénéfices », dénonce le syndicat. Dans
la région de Madrid, où la privatisation du secteur est également en
cours, 7 500 postes de personnel soignant ont été supprimés depuis 2012.
Soit plus de 10% des effectifs des hôpitaux madrilènes ! Dans la
capitale, les listes d’attente s’allongent et la presse relaie de
nombreux cas de négligences médicales.
Au nom de la réduction des coûts et de l’efficacité, le gouvernement
de Mariano Rajoy (Parti populaire, droite) est en train de multiplier
ces « partenariats public privé » dans la santé. Ils s’inspirent du
système anglo-saxon des « Private Finance Initiatives » (PFI) qui vont
bien au-delà, en terme de privatisation, que la délégation de service
public pratiquée en France
[1].
Ces PFI ont été initiées en Grande-Bretagne dans les années 1990. Elles
sont aujourd’hui accusées d’y avoir contribué à la dégradation du
système de santé. L’hôpital Stafford au Royaume-Uni, qui a défrayé la
chronique en février, est régi par ce système, comme 118 autres
établissements de santé du pays. 1 200 patients y seraient décédés entre
2005 et 2008, victimes de mauvais traitements, de négligences de la
part d’un personnel sanitaire peu qualifié et démotivé, et de conditions
d’hygiène déplorables
[2]. D’autre part, ces PFI reviendraient beaucoup plus cher aux contribuables britanniques qu’une gestion publique
[3].
« Les pays qui voient arriver la compétitivité et les opérateurs privés dans leurs systèmes de santé devraient s’inquiéter »,
alerte, fin 2012, Göran Dahlgren, un ancien haut fonctionnaire de la
Santé publique en Suède, pays qui a aussi développé des PFI.
Conditions de travail « inhumaines »
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