Par Fondation Copernic
L’effectif de population active est un
paramètre très influent pour l’équilibre financier du système de
retraites car, couplé au taux de chômage, il détermine le nombre de
cotisants. Alors que le rapport Moreau sur l’avenir des retraites doit
être remis la semaine prochaine au Premier ministre, tout exercice de
projection du besoin futur de financement nécessite de faire des
hypothèses sur l’évolution des taux d’activité des femmes et des hommes. Or
les hypothèses de l’Insee sur lesquelles s’appuie le Conseil
d’orientation des retraites (COR) se révèlent très conservatrices, et
même régressives, vis-à-vis de l’emploi des femmes : elles n’intègrent
aucune hausse de leur activité à l’avenir, sauf ponctuellement pour les
plus de 50 ans, conséquence attendue des réformes passées.
Alors que jusqu’à ce jour, l’activité des femmes ne
cessait de progresser - ce qui a permis une réduction (encore
insuffisante) des inégalités entre les sexes -, alors que la part des
femmes dans la population active se rapprochait de la parité (47,7 % en
2010), cette dernière est projetée à la baisse à partir de 2015 !
Aurions-nous donc atteint le seuil maximal
d’égalité envisageable ? Le taux d’activité des femmes reste pourtant
bien inférieur à celui des hommes (84,2 % contre 94,8 % dans la tranche
des 25-49 ans en 2010). La France ne se classe qu’au 14ème
rang européen, loin derrière des pays comme la Norvège, l’Islande, la
Suède, etc. qui ne sont pas, eux-mêmes, des modèles indépassables en
matière d’égalité. Il y a donc de larges marges de progrès, et on ne
comprend pas le scénario du COR qui revient à enterrer l’égalité entre
les femmes et les hommes… et à priver les régimes de retraite d’un fort
potentiel de cotisantes.
En effet, si l’activité des femmes rejoignait
celle des hommes, quelle que soit l’échéance, l’effectif de population
active serait supérieur d’environ 5 % (4.8 % en 2020, 4.9 % en 2030) à
celui prévu par les scénarios actuels. Quel serait alors l’impact sur
les recettes des caisses de retraite ? En première approximation, cette
augmentation se traduirait, à taux égal de chômage, par un accroissement
relatif de même ampleur du volume de cotisations, près de 5 % donc. Or
le COR (rapport de décembre 2012) a chiffré la hausse du taux de
cotisation qui serait nécessaire pour équilibrer le système de retraites
en 2020 : elle est de l’ordre de 2 points (2 % du volume de cotisations). Cela signifie donc que l'égalisation
de l’activité des femmes et des hommes suffirait amplement à assurer
cet équilibre ! Et même la moitié du chemin suffirait…
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