Dans L'Humanité Dimanche.
Certes le premier ministre a
obtenu la confiance à l’Assemblée nationale. Mais une confiance de façade plus
justifiée par la peur d’un retour de la droite que par une adhésion à son
programme qui, loin de résoudre la crise économique, sociale et politique,
l’amplifie. La pauvreté et le chômage se répandent, la démocratie s’affaisse,
la régression s’installe. Jusqu’où ira le gouvernement Valls 2 ?
Jusqu’au-boutiste : « Qui pousse à prendre des mesures
extrêmes, quelles qu’en soient les conséquences. » Synonyme : « extrémiste ».
Nul ne sait si un jour « hollandiste » ou « vallsiste » s’ajouteront à la liste
des synonymes, mais force est de constater que le président de la République et
son premier ministre mettent un certain coeur à l’ouvrage. Peu importe, au
final, les postures de capitaines dans la tempête, de chefs imperturbables face
à la catastrophe annoncée. Cet incendie, ils y ont contribué, ils en ont
renforcé les flammes, et sont aujourd’hui censés en être les pompiers. Sourds à
toute autre parole que celle des marchés financiers et de leur pendant
national, le MEDEF, ils entraînent le pays sur la voie d’une régression
généralisée, qu’elle soit économique, sociale ou démocratique.
L’économie de l’inefficacité
« C’est un scénario catastrophe que personne n’avait
anticipé », a osé déclarer Michel Sapin, le ministre du Budget, lors de la
présentation des comptes publics définitifs pour 2014. Voici pourtant des mois
que nombre de partis politiques de gauche, de syndicats, d’associations et de
citoyens n’ont de cesse de mettre en garde le gouvernement sur l’impasse de sa
politique. Sous la pression de la finance, l’économie française est en panne, et
se dégrade à une vitesse vertigineuse. Croissance nulle lors des six premiers
mois de l’année, et un timide 0,4 % pour 2014 (au lieu du 1 % prévu par le
budget rectificatif voté en juillet). 2015 ne s’annonce pas sous de meilleurs
auspices, avec une prévision de 1 %, qui risque fort, elle aussi, d’être
révisée à la baisse. Quant au déficit, creusé chaque jour davantage par la
politique d’austérité qui grève la demande publique et par des recettes
insuffisantes, il atteint 4,4 % du PIB. Sans réforme fiscale, reportée aux
calendes grecques, le pourcentage de contribuables imposables sur le revenu a
chuté de 53 % à 48,5 % – le plus bas niveau depuis le début des années 1980 –,
signe d’un appauvrissement généralisé. Alors que tout indique que ces choix
économiques mènent à une impasse, pas question pour le gouvernement, surveillé
de près par les marchés et les dirigeants européens, d’en dévier. « Les 2
milliards d’euros d’économies qui ne seront pas réalisées à cause de la
faiblesse de l’inflation seront compensées, nous maintenons le montant prévu »,
a martelé Michel Sapin. Deux milliards d’économies nouvelles donc, qui
devraient toucher en premier lieu la santé. Mais puisque Manuel Valls répète à
l’envi que « nous ne faisons pas de l’austérité »...
Le peuple paupérisé
Les répercussions sociales de la réduction des dépenses
publiques et du chant d’amour entre le gouvernement et le MEDEF atteignent des
proportions alarmantes. Les 50 milliards du pacte de « responsabilité » grèvent
toute possibilité de relance, pèsent sur les salaires, l’investissement, la
consommation. Derrière ces mots, c’est la pauvreté, visible, pesante, qui
s’étend.
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