Par Rachel Knaebel
Le conflit social à Air France-KLM dure depuis plus d’une
semaine. Les pilotes, soutenus par une partie des personnels, s’opposent au
développement de la filiale low-cost de la compagnie, Transavia. Selon les
grévistes, cela se traduira par une dégradation des conditions de travail et
des baisses de salaire. Les exemples des compagnies à bas coût, Ryanair et
Easyjet en tête, laissent craindre le pire. Car l’ascension du low-cost se fait
partout au détriment du droit du travail et des protections sociales, tout en
bénéficiant de millions de subventions publiques optimisées dans des paradis
fiscaux. L’avenir du transport aérien européen prendra-t-il des allures de
crash social ?
« Si on pouvait faire du low-cost avec les règles de
fonctionnement d’une compagnie traditionnelle, cela se saurait ! (…) Il n’est
donc pas possible d’aller travailler chez Transavia aux conditions d’Air
France, sauf à tuer Transavia. » Le patron d’Air France-KLM, Alexandre de
Juniac – passé directement de la direction du cabinet de Christine Lagarde,
ministre de l’Économie de Sarkozy, à Air France en 2011 – a au moins le mérite
d’être clair : le développement de la filiale à bas coût d’Air France passera par
une dégradation des conditions de travail, ou ne se fera pas [1].
Transavia France [2], créée en 2007, devait au départ
fonctionner comme une compagnie charter, affrétant des avions en dehors des
vols réguliers pour des voyagistes par exemple. Avec la crise que traverse Air
France depuis 2008, la direction a changé de stratégie et décide d’en faire une
compagnie à bas coût. En économisant notamment sur le personnel.
Délocalisation des équipages, sous-traitance au sol
Les pilotes en grève depuis plus d’une semaine demandent un
contrat unique pour les pilotes d’Air France et de Transavia. La direction
refuse, proposant seulement de reculer le lancement de Transavia de trois mois.
Les pilotes craignent aussi une délocalisation des emplois. Car Air France veut
développer des bases de Transavia dans d’autres pays d’Europe, avec du
personnel employé aux conditions locales.
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