Par Christophe Goby
« Jésus ne pouvait pas, c’est Marx qui est venu » telle est
la dernière réplique de la farce de la compagnie L’Autre scène, adaptée de la
pièce d’Howard Zinn [1] présentée à l’occasion des 150 ans de la première
Internationale à Nancy le week-end du 13 au 15 juin 2014.
C’est une chorale militante de Nancy qui est à l’initiative
de cet anniversaire de l’Association internationale des travailleurs (AIT),
dont ont fait partie Karl Marx ou Michel Bakounine mais également des acteurs
importants de la Commune de Paris, comme Eugène Varlin. Un stage intersyndical
entre militants de la CGT, de la FSU et de Solidaires sur l’histoire du
mouvement ouvrier avait réuni quatre-vingt participants deux jours auparavant.
Stéphane Thomas, militant au NPA entre autres, explique son engagement pour ses
journées : « Du 13 au 15 juin j’étais à Nancy parce que c’est là que je vis.
C’est aussi là que je milite : j’étais donc au week-end des 15 ans de l’AIT. Je
suis d’ailleurs toujours à Nancy et toujours prêt à saisir une opportunité de
faire un croche-pied au talon de fer. »
Manu fait partie des Sans Noms, cette chorale qui regroupe
bon nombres de militants de Nancy dans un œcuménisme tout à gauche. Il raconte
entre deux invités : « Ca entre en résonance avec les débats de l’extrême
gauche. L’AIT fut la première force politique dans le camp prolétarien et sans
donner prise au stalinisme et aux querelles qui suivirent. » La scission
interviendra au Congrès de la Haye entre les antiautoritaires (les
anarchistes), et les « marxistes », pour reprendre le terme de Bakounine. Les
premiers refusent d’entrer dans le jeu politique tandis que les autres y voient
un moyen d’action supplémentaire. A cela s’ajoute une donnée fondamentale que
Mathieu Léonard a rappelé dans son livre
[2] : la création des caisses de grève. Trois ans après la naissance de
l’AIT, en 1864, des caisses modestes soutiennent les combats. Mais l’AIT
restera « une grande âme dans un petit corps », comme le disait Charles
Rappoport, un militant communiste anti-stalinien dès les années 1920. Elle aura
le mérite de regrouper des proudhoniens et des fouriéristes, des hommes du
peuple qui exercent les métiers de mécanicien, imprimeur ou joaillier à Paris,
des Suisses de la Chaux-de-Fonds, des blanquistes qui claqueront la porte, une
poignée d’Italiens et de Belges. Elle fut surtout tenue par les Trade Unions
anglais et par les ouvriers de Paris.
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