Par Michel Etiévent
Décidément les médias manipulent, occultent sans cesse. Par
exemple à propos de la mort d’André Bergeron, un des fondateurs de FO.
L’occasion leur était donnée de raconter avec objectivité la naissance de FO et
ses conséquences sur le mouvement ouvrier et la première casse de nos acquis.
Qu’ai-je entendu : « Bergeron, un des créateurs de FO était
partisan d’un "syndicalisme indépendant", indépendant des patrons et
de toute politique ». Voilà comment ils résument l’histoire... aucun mot sur la
naissance de FO et son pourquoi. Alors racontons. Nous sommes en 1947, nous
venons de vivre (45-47) une période de conquis sociaux extraordinaires dans le
sillage du CNR avec les ministres communistes (Sécu, statuts et avancées de
toutes sortes, nationalisations, services publics). Il fallait évidemment
briser cette formidable invention sociale, d’autant plus que la guerre froide
pointait son nez. Comment ? Et bien en divisant le mouvement ouvrier. Et d’où
va venir cette inspiration à la scission ?... des USA évidemment. Inspirée de
Bruxelles par Irving Brown, le 18 décembre 1947, décision est prise par
Jouhaux, Bothereau, Delamarre... de démissionner du bureau confédéral de la
CGT.
Le 13 avril 1948, ils organisent le congrès constitutif
d’une nouvelle Confédération. La « CGT-Force ouvrière » est née. La scission
est consommée... La responsabilité directe des syndicats américains dans la
scission sera plus tard attestée par Georges Meany, nouveau secrétaire de l’AFL
(American Federation of Labour). En 1953, lors d’un "Club de la
Presse" à Washington, l’homme déclarera en substance aux journalistes
ébahis : « Il n’y a pas de forces plus importantes aux USA que les Fédérations
syndicales américaines. Oui, nous avons un grand rôle à jouer à l’étranger.
Tout aussi important, sinon plus, parce que nous pouvons nous permettre de le
révéler maintenant, c’est avec l’argent des ouvriers de Détroit et d’ailleurs
qu’il m’a été possible d’opérer la scission, très importante pour nous, de la
CGT, en créant le syndicat FO ». Dans une interview au Los Angeles Times en
1964, Thomas Braden confirmera, quant à lui, que la CIA, dont il fut l’un des
dirigeants, avait également largement contribué au financement de FO.
Les conséquences seront terribles pour le mouvement social :
division ouvrière, obstacles aux nouvelles conquêtes sociales, affaiblissement
de la CGT, reprise en main des patrons après leur période noire de la
Libération, facilitation de toute la casse des conquis. Juste un exemple : la
Sécu.
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