Pendant que le
gouvernement implore les entreprises d’investir et d’embaucher, ces dernières
empochent les deniers publics pour mieux arroser les actionnaires.
Depuis que les mauvais chiffres de l’économie française sont
tombés, les ministres se relayent afin d’occuper la scène médiatique. Après
François Rebsamen, Manuel Valls, c’était au tour de Michel Sapin, hier,
d’attraper le témoin, dans Libération, pour tenter de convaincre les Français
des « bienfaits » de la politique de l’offre. « Les entreprises ont d’abord un
problème de marges. (...) Tant qu’elles n’auront pas retrouvé une partie de ces
marges, et avec la perspective de les retrouver entièrement, elles seront dans
une situation très difficile, notamment pour embaucher. » Rappelons que c’est,
officiellement, pour compenser la perte de 40 milliards d’euros de marges
essuyée par les entreprises depuis la crise de 2008 que le gouvernement a mis
en place un crédit d’impôt de 20 milliards d’euros auquel il a ajouté le pacte
de responsabilité pour un total de 41 milliards d’euros. Un calcul une fois de
plus discrédité après la publication par le Financial Times d’une étude
réalisée par le fonds d’investissement Hendreson Global Investors. Selon les
données récoltées, les entreprises européennes auraient distribué entre avril
et juin dernier pas moins de 115 milliards d’euros de dividendes, soit une
hausse de 20 % par rapport à l’an dernier.
Un vrai gaspillage de
l’argent public
Et l’étude nous apprend que le gonflement de l’enveloppe
pour les actionnaires vient essentiellement de la part versée par les
entreprises françaises, qui a progressé de plus de 30 %, grâce notamment à
l’apport des banques comme la Société générale ou encore le Crédit agricole. Or
2013 s’était déjà avérée être une année faste pour les actionnaires qui avaient
empoché quelque 36,8 milliards d’euros, déjà en progression de 9,2 %. Même avec
des marges en baisse, n’en déplaise au gouvernement, les entreprises semblent
avoir fait leur choix : la croissance est à plat, le chômage en hausse, mais le
capital se porte au mieux. L’étude réalisée en juin par le syndicat SNB CFE-CGC
sur l’utilisation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice)
dans les banques confirme cette tendance. Selon le syndicat, qui a récolté
auprès des comités d’entreprise les projets d’utilisation des fonds,
« l’essentiel (pour ne pas dire la totalité) des utilisations annoncées du Cice
correspond à des projets, actions et dépenses déjà largement engagés : soit
dans le cadre de l’activité normale de l’entreprise : formation, rénovation et
entretien du réseau d’agences ; soit dans le cadre d’investissements déjà
largement, et depuis longtemps, engagés et budgétés : innovation technologique,
banque digitale et multicanal, nouveaux concepts d’agences ». Les 135,5 millions
d’euros accordés aux banques sont donc un pur effet d’aubaine.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire