Le Premier ministre vient d’obtenir la confiance de
l’Assemblée nationale sans obtenir la majorité absolue de la représentation
nationale. Il recueille même 45 voix de moins que lors du premier vote de
confiance. La légitimité de la politique qu’il impose est donc faible. Au-delà
de la teneur plus sociale du discours de Manuel Valls, conçu pour amadouer la
majorité, il n’y aura malheureusement pas de changement de cap. C’est ce que
regrettent les députés du Front de gauche, qui ont voté contre la confiance.
C’est ce que constatent les députés verts et les nombreux députés socialistes
qui se sont abstenus.
Parce qu’elle n’est pas comptabilisée comme suffrage
exprimé, l’abstention de 31 « frondeurs » socialistes ne fait pas tomber le
Premier ministre. Un vote contre aurait mis Manuel Valls en minorité. Cela
aurait-il incité le président de la République à changer de Premier ministre
pour mettre le cap à gauche ? Nul ne le saura. Le Premier ministre va désormais
pouvoir mettre sur pieds la loi de finance 2015, celle-ci mettant en œuvre un
pacte de responsabilité incluant d’énormes cadeaux fiscaux pour les uns, et des
mesures d’austérité sans précédent pour les autres. L’exécutif menacera une
nouvelle fois les « frondeurs » qui seraient tentés de s’y opposer. Il brandira
à nouveau la menace d’une dissolution, que la constitution n’impose nullement.
Alors qu’ils sont mandatés par leurs électeurs, les députés
socialistes subissent des pressions insupportables alors que prévaut, en
principe, la séparation des pouvoirs exécutif et législatif. L’action
parlementaire se heurte désormais aux limites de la cinquième République. Ce
régime ne permet plus aux parlementaires de porter la voix de leurs mandants.
La démocratie ne respire plus. Ceci est d’autant plus regrettable lorsque
l’exécutif fait fausse route. Dans ces conditions, l’enjeu est désormais de
déplacer le débat sur la place publique.
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