mardi 9 septembre 2014

Le grand retour du Parti Communiste

Par Elias Duparc
Des spectres hantent l’Europe. Alors que le capitalisme n’en finit plus de faire la preuve de sa dangerosité meurtrière, la gauche radicale est en tête en Grèce et en Irlande. Partout ailleurs qu’en Allemagne, le néolibéralisme ne produit plus qu’échec sur échec pour les partis de la bourgeoisie. Celle-ci se tourne vers des extrêmes droites regonflées pour verrouiller sa domination dans la violence. En France, la gauche entre dans une phase de reconfiguration forcée : alors que le PS est en phase terminale s’ouvre le moment d’un possible grand retour du Parti Communiste. Enregistrant depuis 2012 un regain militant en même temps que le « communisme » connaissait une nouvelle expansion dans le champ intellectuel, le parti, définitivement sorti des aventures de liquidation, a montré qu’il était capable de gagner des villes importantes aux dernières municipales. Il appartient désormais aux militants de faire de ce frémissement le premier pas d’un réarmement général du PCF, seul parti français brandissant le communisme dans son nom, pour l’égalité et le partage des richesses au bénéfice de tous.

Mort du huïsme
« Les partis sont morts mais ils ne le savent pas encore », écrit Robert Hue, ancien dirigeant du PCF passé au social-libéralisme, dans un livre récent. Une thèse loin d’être nouvelle, partagée par la gauche « mouvementiste » comme par les opportunistes promoteurs d’un « dépassement » des partis dans des rassemblements citoyens (sur le modèle de Podemos en Espagne). Mais si le même Robert Hue, du temps de la « mutation » (1994-2001), s’est en effet ingénié à lancer une grande procédure de liquidation de son propre parti, sa tentative, dans un retournement dialectique caractéristique, a au contraire paradoxalement participé à la reviviscence du PCF. En effet, « l’érosion » et la « mutation » des dernières décennies n’ayant finalement pas débouché sur une liquidation, elles ont été suivies, par leur échec même, de contreparties positives et de recommencements de tous ordres : rajeunissement, démocratisation importante des procédures internes, dépersonnalisation du pouvoir, reconstitution des réseaux du MJCF et de l’UEC, « Enterrement de l’enterrement du PCF »… Le ratage de la mutation aura donc fini par faire muter le parti dans le sens inverse du projet huïste, de telle sorte que cette crise de désorganisation peut se lire après coup comme ayant rendu possible, partiellement et malgré elle, le rebond « positif » ultérieur.

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