Pour Ségolène Royal, la solution " prioritaire" à
l'abandon de l'écotaxe serait de "ponctionner les bénéfices des sociétés
d'autoroutes" sans autre précision sur le dispositif envisagé. Michel
Sapin s'y oppose.
En 2005, nos autoroutes, dont la plupart étaient largement
amorties, ont été bradées aux multinationales du BTP. A l'époque, la
sous-évaluation de la valeur de ces sociétés concessionnaires avait interpellé
beaucoup de spécialistes. Dans un tout récent rapport, l'autorité de la
concurrence a estimé la rentabilité après impôts des concessionnaires (
Eiffage, Vinci, Sanef) "exceptionnellement élevée". Sur 100 euros de
péage payés par l'usager, 20 à 24 euros sont du profit net pour les sociétés
d'autoroute. Une sacrée machine à sous. En 2032, date de fin de la concession
des autoroutes, on estime que ces sociétés auront engrangé le chiffre
pharaonique de 40 milliards d'euros de bénéfices !
Le 19 juin dernier, le Sénat avait l'occasion d'adopter une
proposition de loi, déposée par le groupe communiste et républicain, permettant
d'engager la renationalisation des concessions d'autoroutes. Cela ne fut pas le
cas puisque les socialistes, le centre et la droite ont voté
"contre", formant une majorité rétrograde pour repousser cette
proposition de nationalisation des autoroutes et d’affectation des dividendes à
l’agence de financement des infrastructures de transports. On aurait pu redonner
des moyens importants à la puissance publique, bien supérieurs à la simple
"ponction" aujourd'hui proposée, pour une politique des transports
respectueuse des hommes, des territoires et de l’environnement.
Faut-il renationaliser les 9000 kms d'autoroutes à péages ?
Cette question va de nouveau être posée dans les prochaines semaines. Une
mission d'information parlementaire, "en vue d'étudier les modalités de
rachat par l'État des concessions autoroutières et de définir les conditions
dans lesquelles il pourrait ensuite mettre en oeuvre l'exploitation des
autoroutes", rendra ses conclusions d'ici la fin de l'année. Est-il
possible de mettre fin à la privatisation de la rente autoroutière, de
favoriser la modération des tarifs de péage et de dégager des moyens financiers
pour l'Agence de financement des infrastructures de transport en France ? Oui,
en mobilisant 15 à 20 milliards.
C'est beaucoup ? Certes, mais n'oublions pas que chaque
année le patronat touche 220 milliards d'aides publiques, dont le fameux CICE, alors
que dans le même temps, l'INSEE vient d'enregistrer une baisse de
l'investissement et que l'Unédic prévoit plus de 150 000 chômeurs de plus d'ici
la fin 2015. A quand un contrôle public sur l'utilisation de ce pactole ?
Pourquoi ne pas en demander le remboursement quand ces sommes ne sont pas
utilisées pour l'emploi, les salaires, la formation, les investissement utiles,
la transition écologique et énergétique ? Tout cela au fond relève d'un choix
de société : l'humain ou le fric, la transition écologique ou le chaos.
Communiqué du Parti communiste français
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