Daniel Scheh, membre de
la commission économique
du PCF revient, dans l’Humanité du 30 septembre, sur la nécessaire déconstruction
des politiques d’austérité :
"Le combat contre le « coût du capital » est l’objet
d’une grande campagne politique et syndicale, particulièrement à l’initiative
du PCF et de la CGT, afin de dénoncer un des fils directeurs des politiques
d’austérité. Il est l’antithèse du « coût du travail » qui justifie au nom du
patronat et du gouvernement les attaques contre le monde du travail. Mettre
l’accent sur le coût du capital se justifie au moins pour deux raisons.
Il s’agit d’abord de combattre l’intox du coût du travail.
L’emploi du terme austérité ne suffit pas à contrecarrer la déferlante
médiatique du coût du travail. Ainsi beaucoup de travailleurs voient d’un bon
œil la proposition du PCF d’un Smic à 1 700 euros, mais considèrent cette
solution impossible. Cela affaiblit la crédibilité des propositions qui vont
dans le sens d’une revalorisation des rémunérations des salariés (salaire,
retraite, remboursement à 100 % par la Sécurité sociale, minima sociaux). Le
concept de l’austérité leur laisse penser qu’à cause de la concurrence, on ne
peut relever les sources de financement pour eux. C’est seulement en clarifiant
à partir du coût du capital (dividendes et intérêts) qu’on peut démontrer que
ce n’est pas la hausse des salaires qui coûte cher à l’entreprise et à la
société, mais celle des revenus du capital. Ainsi, la masse salariale a été
multipliée par 3,6 depuis 1981 ; pour la même période, les dividendes
distribués aux actionnaires en France ont été multipliés par 20, passant de
10 milliards d’euros à 225 milliards en 2012. Seule la lutte contre la hausse
du coût du capital peut mettre sous les yeux des citoyens les véritables enjeux
des débats sur cette question que cache l’austérité. En second lieu, il s’agit
d’articuler la baisse du coût du capital et la modulation fiscale ainsi que
celle du crédit.
Il ne suffit pas de rester sur le registre de la
protestation contre le coût du capital, il faut aussi montrer une des solutions
possibles : la modulation. La modulation ne doit pas seulement être fiscale,
mais aussi concerner le crédit des banques ; les intérêts avec les fonds de
développement régionaux ainsi que le pôle bancaire public ; les cotisations
sociales patronales notamment contre la précarité du travail ; et la création
monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). Le but de la modulation est
d’aller vers l’idée d’une relation dialectique : sanction-incitation.
Sanctionner par une hausse des frais financiers les sommes de l’entreprise
engagées vers la spéculation, l’augmentation des dividendes ou des
licenciements. Incitation par une baisse de l’imposition des sommes investies
par les sociétés pour l’emploi, les salaires, la formation, la recherche-développement
et l’investissement.
En clair, pour montrer la dialectique du problème, il faut
toujours articuler ces deux notions : coût du capital et solution. Ces
éclairages sont utiles pour illustrer le rôle transversal du coût du capital.
L’intérêt de la bataille politique pour la popularisation de cette notion
fondamentale est caractéristique du PCF moderne, liée à son articulation avec
la modulation, la démocratie sociale avec le renforcement des pouvoirs des
salariés dans l’entreprise et dans la République ainsi qu’en Europe."
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