Opposée à la
gestation pour autrui, la députée PCF Marie-George Buffet regrette que la
France n’ait pas souhaité envoyer un « signal fort » sur le sujet. Et appelle
la gauche à ne pas déserter cette question.
Le gouvernement n’a donc pas fait appel de la décision de la
Cour européenne des droits de l’homme, qui contraint la France à reconnaître
les enfants nés de GPA à l’étranger. Vous le regrettez ?
Marie-George Buffet Oui, je le regrette car il s’agit, d’une
certaine façon, d’une porte qui commence à s’ouvrir sur la légalisation de la
gestation pour autrui. Or, qu’est-ce que la GPA sinon la marchandisation du
corps ? C’est acheter le ventre d’une femme, pour neuf mois, pour qu’ensuite un
enfant soit lui-même acheté par des parents. Bien sûr, ces enfants ne sont pas
responsables des décisions prises par ceux qui les ont voulus. Il faut donc
trouver une solution, qui pourrait être l’adoption simple.
La sociologue Irène Théry, hier opposée à la GPA, se dit
aujourd’hui convaincue, après avoir rencontré des couples demandeurs et des
mères porteuses, qu’une « GPA éthique est possible ». Qu’en pensez-vous ?
Marie-George Buffet Je ne crois pas du tout au concept de
GPA éthique. Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’on va instaurer un salaire
minimum pour une grossesse ? On peut faire en sorte que les mères porteuses
soient bien logées et prises en charge… Mais vendre son corps, même dans un
hôtel de luxe, c’est toujours vendre son corps. Cet encadrement n’effacera pas
le fait qu’on utilise le ventre d’une femme pour répondre au désir d’enfant de
couples qui en sont privés, des couples dont je comprends la souffrance. Mais
d’autres chemins peuvent être suivis pour assouvir ce désir d’enfant, grâce à
l’adoption notamment. Imaginons enfin – ce à quoi je ne crois pas – qu’on mette
en place une législation « éthique » sur le sujet en France… Mais que se
passera-t-il dans les pays où règne la misère et où la location de ces ventres
deviendra une source de revenus ? Aux États-Unis, il existe même des sites Internet
où des parents qui ont « obtenu » des enfants par GPA les remettent en vente
parce qu’ils n’en sont pas contents ! On le voit bien : faire entrer l’humain
dans un processus commercial est toujours mortifère.
La Manif pour tous va défiler dimanche pour réclamer
« l’abolition universelle » de la GPA. N’y a-t-il pas, dans ce contexte, une
difficulté à faire entendre une opposition progressiste à cette pratique ?
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