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l’épuration par Michel Soudais
« Il faut en finir avec la gauche passéiste », déclare
Manuel Valls dans L’Obs. Demandes d’exclusion et invitations à prendre la porte
se multiplient rue de Solferino.
Le Parti socialiste semble subitement saisi d’une frénétique
volonté d’exclusions. C’est suffisamment inhabituel pour être relevé. D’autant
que ceux à qui Matignon, le numéro un du parti ou le porte-parole du
gouvernement montrent la porte n’ont pas fraudé le fisc. Ils ne sont pas mis en
examen pour des faits graves. Ceux-là, à l’image de Jean-Noël Guérini, n’ont
jamais été inquiétés par Solferino. Non, mais ceux que ses dirigeants
aimeraient aujourd’hui voir dehors sont (cela n’a rien d’un hasard) tous des
opposants, à des degrés divers, à la politique conduite par François Hollande
et Manuel Valls. Qu’il s’agisse de Gérard Filoche, Benoît Hamon ou Aurélie
Filippetti.
Mardi, en ouverture de la réunion du bureau national,
Jean-Christophe Cambadelis fait savoir qu’il a trouvé « inqualifiables et
intolérables » les propos de Gérard Filoche relatifs à la mort de Christophe de
Margerie. Le Premier secrétaire du PS l’accuse d’avoir mis « en cause l’éthique
du Parti socialiste », et assure avoir reçu de dizaines de parlementaires la
demande de son exclusion. Demande à laquelle il cède bien volontiers puisqu’il
annonce sa décision de « déférer » cette figure de la gauche du PS « devant la
Haute autorité du Parti socialiste ». Cette instance présidée par l’avocat
Jean-Pierre Mignard, ami personnel de François Hollande, peut, après
instruction, prononcer des sanctions allant du blâme à l’exclusion.
Cette sanction extrême a déjà la faveur de Manuel Valls. Un
peu auparavant en effet, le Premier ministre, interpellé lors des questions au
gouvernement par un député UMP sur le tweet rugueux de Gérard Filoche, a
clairement fait savoir que ce dernier n’avait rien à faire dans le même parti
que lui : « Tous ceux qui ont des mots qui ne sont pas des mots qu’on peut
prononcer quand un homme disparaît ne méritent pas d’être dans la formation
politique (…) qui est la mienne. »
Mercredi matin, c’est à Benoît Hamon que le porte-parole du
gouvernement, Stéphane Le Foll, montre la porte. La veille, l’ancien ministre
s’est abstenu lors du vote sur la partie « recettes » du budget, comme Aurélie
Filippetti, qui a quitté le gouvernement avec lui, le 25 août, et 37 députés
frondeurs. Sur RTL à 7 h 50, Jean-Christophe Cambadelis juge « déplorable
l’attitude » des deux ex-ministres. Il se dit « choqué » : « Ceci pose un problème éthique. »
Parallèlement, Benoît Hamon, qui est à la même heure sur RFI, affirme que la
politique de l’exécutif, « parce qu’elle réduit les capacités d’intervention de
la puissance publique », « menace la République ». « Et la menace de la
République, c’est la préparation tout droit, comme on s’y prépare pour 2017,
d’un immense désastre démocratique », soit « non seulement l’arrivée au second
tour de la présidentielle de Marine Le Pen sans coup férir, mais en plus la
menace que demain, elle dirige le pays. » Une analyse politique qui met en rage
Stéphane Le Foll :
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