Les «alters» ne sont pas moribonds… Bien au contraire ! Alors que s’ouvre demain à Dakar la huitième édition du Forum social mondial (FSM), Gustave Massiah, membre de son conseil international, propose une stratégie altermondialiste, articulant urgences immédiates face à la crise et perspective
de dépassement
du capitalisme.
Alors que le huitième Forum social mondial (FSM)
se déroule ces prochains jours à Dakar (Sénégal), dans quel état se trouve
le mouvement altermondialiste ?Gustave Massiah. Nous vivons une double crise systémique emboîtée, celle du néolibéralisme et celle du capitalisme. Et le mouvement altermondialiste se trouve désormais situé sur ces deux horizons à la fois ! Ma conviction, c’est que, contrairement aux idées reçues et à certains refrains médiatiques, le mouvement altermondialiste progresse énormément…
Dans votre livre Une stratégie altermondialiste vous distinguez différentes phases dans l’histoire du mouvement…
Gustave Massiah. Oui, j’ai voulu faire ce livre avec ma fille, Élise, afin de donner une série de clés pour les nouvelles générations. Pour moi, il y a une continuité dans le débat politique, mais aussi des ruptures. Je fais démarrer le mouvement altermondialiste en 1980, avec l’avènement du néolibéralisme : c’est dans les pays du Sud que ce mouvement antisystémique vient, sous des noms divers, affronter la logique systémique dominante, avec les luttes contre la faim, contre la dette, ou plus tard encore le zapatisme au Mexique… Cela commence au Sud parce que le néolibéralisme se traduit d’abord par une remise au pas de ces pays et par une forme de recolonisation… À partir de 1989, avec la chute du mur de Berlin, mais aussi avec le sommet du G7 en France en plein bicentenaire de la Révolution, la deuxième phase se caractérise par la convergence entre les mouvements du Sud et ceux du Nord contre la précarisation : c’est la contestation des institutions internationales et de la mondialisation. La troisième phase, c’est celle des forums sociaux mondiaux : la convergence des mouvements sociaux et citoyens met en évidence la dimension systémique de la crise… Derrière la crise du néolibéralisme, nous sommes en fait face à une crise de civilisation, une crise du capitalisme… Voilà où nous en sommes et nous savons qu’en tout état de cause, il n’y aura pas de sortie de cette double crise dans une simple continuité.
Vous faites l’hypothèse d’une sortie du néolibéralisme à court terme…
Gustave Massiah. Alors, à court terme, cela veut dire dans les dix ans ! C’est une hypothèse qui paraît vraisemblable, quand même ! L’explosion de la crise de 2008 en est une première vérification, à mes yeux. Quand la crise monétaire commence dans les années 1970, la phase sociale-libérale, keynésienne et fordiste, est épuisée et la logique néolibérale commence à s’imposer. Nous sommes aujourd’hui dans une situation analogue, la sortie du néolibéralisme est engagée, mais on ne sait pas encore comment la nouvelle phase de la mondialisation capitaliste va chercher à s’imposer.
Quelles sont les issues possibles ?
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