Par Carine Fouteau
C'est l'histoire d'une grève qui n'a pas défrayé la chronique et pourtant qui mérite qu'on s'en souvienne. Même neuf ans après. En 2002, des femmes de chambre employées par Arcade, entreprise sous-traitante du groupe Accor, cessent le travail pour faire valoir leurs droits. Payées à la pièce: 2 euros par chambre. À la chaîne: 4 chambres par heure. Un film documentaire en témoigne.
Conditions d'un autre temps, l'envers du décor de l'hôtellerie de luxe. Elles n'en peuvent plus, se courber, se déplier, vingt fois, cent fois, mettre les taies d'oreiller, les housses de couette, récurer les toilettes, frotter les carrelages, le tout à une cadence démesurée. Sans les protections requises contre les produits toxiques. Des femmes originaires d'Afrique, qui, en comparant leurs parcours, comprennent vite qu'aux yeux du patron leur atout est le manque de formation. Moins elles savent lire et écrire, plus elles ont de chance de retenir l'attention de l'employeur. Objectif: limiter les possibilités de contestation. Raté. Distribution de tracts et marches sur fond de grève. Après un an de lutte, elles obtiennent en partie gain de cause.
En tournée dans plusieurs villes de France en 2011, un film documentaire Remue-ménage dans la sous-traitance d'Ivora Cusack, produit et distribué par le collectif 360° et même plus, retrace ce mouvement de contestation inédit, qui prend forme là où on ne l'attend pas. Des femmes, immigrées, pas toujours syndiquées. Une parole politique qui s'invente à partir de pratiques minoritaires. Et qui, incidemment, reflète des conditions de travail dépassant le cadre de ce conflit.
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