Rendre ses palmes académiques est un acte symbolique. Cette décoration est la plus ancienne des distinctions décernées. Elle est destinée à honorer les mérites des personnels de l'Education nationale. Michel Ascher, proviseur dans un lycée de Lille aujourd'hui à la retraite, est le premier à l'avoir renvoyée à Luc Chatel.
Vous êtes à l'origine de ce mouvement...
Oui, j'ai renvoyé mes palmes académiques en décembre 2010. Cela fait une dizaine d'années que je suis scandalisé par la destruction de l'Education Nationale, mais le décret du 12 novembre a été celui de trop. Il institue un nouveau système d'attribution des primes des recteurs. Le cynisme assumé d'une telle mesure m'est paru insupportable. Je ne me reconnais plus dans cette institution, et je ne veux plus que mon nom y soit associé. Charlie Hebdo m'a proposé d'amplifier le mouvement en fédérant des collègues. C'est comme ça qu'est né l'Appel des 47.
Avez-vous essuyé des refus ?
Non parce que le mouvement est assez spontané. On avait décidé de publier l'appel si on dépassait la barre des 20 signataires, et en une dizaine de jours 47 personnes ont signé. Et depuis la publication on a reçu 15 noms supplémentaires. Je suis satisfait de l'ampleur que prend cet appel.
Que représente la palme académique pour vous ?
C'est une distinction importante, parce que c'est une reconnaissance du travail fourni. Ce n'est pas de gaieté de coeur que j'ai mis les deux diplômes dans l'enveloppe. Mais c'est justement parce que j'y tenais que ce geste est important, qu'il a du sens. C'est une forme de déchirement parce que la palme académique représente une sorte d'adéquation entre ce qu'on fait et l'institution. Et d'adéquation, il n'y en a plus du tout maintenant.
Luc Chatel a estimé que votre appel n'est «pas très digne», et dénonce une «instrumentalisation à des fins partisanes». Qu'en pensez-vous ?
Luc Chatel ne peut pas parler de dignité. Quand on appartient à un gouvernement qui a remis la légion d'honneur à Jacques Servier, qui se fait transporter dans des avions par des proches d'un dictateur, on ne peut pas utiliser ce terme. En ce qui concerne les fins partisanes, je suis presque d'accord avec lui. On est évidemment partisans d'un autre système que celui qu'il propose !
Qu'espérez-vous en commettant cet acte symbolique?
C'est vrai que c'était symbolique au départ. Mais maintenant, compte tenu de l'ampleur de l'écho et de la rapidité avec laquelle un grand nombre de personnes y a adhéré, on peut imaginer pouvoir être une sorte de rapport de force pour influer. Imaginez qu'on soit 500 dans deux mois. 500 personnes qui se déplacent au ministère de l'Education Nationale pour parler à Luc Chatel, ça peut devenir intéressant.
Pour lire l'appel des 47
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